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Gironde comment la police fait la chasse aux rodéos Les policiers mènent 60 opérations par semaine contre les rodéos urbains dans la métropole bordelaise. Ce vendredi 19 août, des patrouilles sont intervenues au Bouscat Gironde. Surf, soleil, touristes à Lacanau, toutes les planètes sont alignées ! » Pour le maire de Lacanau, cette semaine de surf couronne une saison réussie, à l’image de toute la côte girondine, entre estivants français fidélisés et étrangers revenus Gironde. Caraïbos Lacanau Pro une journée placée sous le signe de la protection des océans C’est une journée de sensibilisation qui s’est déroulée ce vendredi 19 août au Caraïbos Lacanau Pro, entre actions de nettoyage des plages, ateliers ludiques sur le cycle de l’eau et table ronde avec les élus locaux Gironde une visite guidée à Lormont hors des sentiers battus Des balades sont organisées par la Métropole bordelaise dans le cadre de l’Été métropolitain. Sud Ouest » a assisté à l’échappée verte à Lormont le mercredi 17 août Incendie de Landiras encore 350 pompiers et militaires sur le terrain Bien que fixé dans son périmètre, l’incendie n’est toujours pas déclaré maîtrisé. Les pompiers restent vigilants. La hausse des températures ce week-end pourrait entraîner de nouvelles reprises de feu Surf en Médoc place aux finales du Caraïbos Lacanau Pro ce week-end Le Caraïbos Lacanau Pro suit son cours les quarts et demi-finales ont lieu ce week-end. Des animations sportives et musicales sont prévues d’ici la finale de dimanche. On vous détaille le programme Tensions à l’hôpital de nouvelles mesures aux urgences de Blaye dans la nuit du 21 au 22 août Le Centre hospitalier de Haute Gironde et l’Agence régionale de santé ARS ont pris la décision de réorganiser le service des urgences pour garantir la qualité et la sécurité des prises en charge » Bordeaux un manque évident » de douches publiques pour les personnes dans le besoin À Bordeaux, les douches publiques pour les personnes en situation défavorisée se font rares. Près de 800 personnes pourraient être concernées par ces douches gratuites. Face au manque de structures, la mairie s’appuie sur de nouvelles solutions comme le BubbleBox » situé aux Quinconces Libourne les jardins familiaux de Condat ont aussi souffert de la sécheresse Les particuliers cultivant les jardins familiaux de Condat ont souffert comme les professionnels de la sécheresse. Leurs récoltes sont compromises Incendies en Gironde à Hostens, l’incroyable logistique pour faire face à une situation hors norme D’une capacité de 400 personnes en saison estivale, la base de loisirs d’Hostens a su déployer une logistique extraordinaire pour accueillir jusqu’à 2 000 pompiers et militaires Covid-19 en Nouvelle-Aquitaine la région connaît un ralentissement de l’épidémie On ne voit toujours pas le bout du tunnel, mais tout va mieux. Si le nombre de cas positifs à l’Omicron diminue, le nombre d’hospitalisations reste élevé Covid-19 Mieux vaut booster l’immunité avec une 2e dose de rappel pour les plus fragiles », selon Malvy Faut-il tous nous précipiter sur la 4e dose avant l’automne ? Le professeur Malvy et le docteur Quelet font le point à l’aube d’une probable 8e vague de Covid-19 Covid-19 un nouveau vaccin pour la rentrée, On est prêt ! » annonce Moderna Le laboratoire Moderna est en tête du peloton. Son vaccin bivalent dernière génération propre à juguler les sous-variants Omicron de l’épidémie de Covid a déjà été validé par la Grande-Bretagne. Entretien avec Sandra Fournier, directrice France de Moderna Dernier hommage au dessinateur Sempé, celui qui faisait sourire tout le monde » Après une messe en début d’après-midi en l’église Saint-Germain-des-Prés, Sempé a été inhumé ce vendredi dans l’intimité au cimetière du Montparnasse La patinoire roller de Gradignan Le patin à roulettes c’est intemporel, familial et sportif » La seule salle de patinoire roller accessible à tous les publics est à Gradignan soirées entre adultes, stages pour enfants ou sortie en famille, il y en a pour tous les goûts Sud-Gironde la folie douce sur le Ciron pour la Fête nautique de Bommes C’est parti pour trois jours de fête sur les bords du Ciron. 14 canoës fleuris paraderont ce dimanche 20 août. À ne pas manquer non plus, le grand spectacle pyrotechnique, lundi soir Vidéos. Des Girondins en plein cœur de la tempête corse la plus grosse peur de notre vie » Deux couples d’amis avec leurs cinq enfants étaient dans un voilier au mouillage dans la baie de Calvi ce jeudi matin. Ils racontent Bordeaux des cours d’arboriculture et d’horticulture dès septembre La société d’horticulture, d’arboriculture et de viticulture de Caudéran, fondée en 1899, rassemble les passionnés de la nature, des plantes, des arbres d’ornement ou fruitiers et de la vigne. À parti… Cissac-Médoc chez les Fermiers toqués, les produits et l’âme du terroir La maison des producteurs est née en août 2017, à Cissac-Médoc, avec le projet de valoriser les productions agricoles du territoire en se basant sur des principes simples la proximité, la qualité et… Bordeaux. Un musée, une œuvre 6/8 la Galerie des civilisations, lieu emblématique du parcours permanent de la Cité du vin La Galerie des civilisations retrace le parcours du vin, depuis ses débuts en –3000 dans le Croissant fertile jusqu’à une période plus tourmentée marquée par le phylloxéra, entre le XIXe et le XXe
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— — — En préambule du récit de mon aventure en 2018, voici ci-dessous le film de ma diagonale des fous 2019, en caméra embarquée !Lien — — — — — — — —9 Avril 2017. Je termine difficilement mon premier marathon de Paris et forcément, me jure que “plus jamais”. Pourtant 558 jours plus tard, je me retrouve à l’autre bout du monde au départ de la course la plus dure du monde la Diagonale des fous. 168 km, 10 000 mètres de dénivelé positif et vais tenter de vous raconter l’aventure que j’ai vécue avant, pendant et après la course, mais je ne peux pas garantir une retranscription immersive. Il n’existe malheureusement pas de mots pour décrire les maux que l’on peut ressentir pendant plus de 2 jours, les émotions qui nous traversent lorsque l’on met son corps et sa tête à si rude épreuve, et lorsque l’on va jusqu’au l’écris avant tout pour moi, pour garder une trace indélébile de quelque chose qui est trop gros pour être intégralement digéré par le cerveau, mais aussi pour ceux qui m’ont suivi, ceux qui s’y intéressent, ceux qui voudront se lancer dans quelque chose d’aussi 14 Octobre 2018, J-4 avant la courseCe matin, c’est le dernier jour d’une préparation de presque 1 an. Je profite du week-end chez mes parents pour faire un dernier 10 km avec mon père dans les bois de l’Épau, au Mans. Je n’ai ni l’envie, ni les jambes, ni le coeur à ça. Je suis épuisé. Toujours gêné par ma jambe droite douloureuse au niveau psoas et du genou depuis 6 semaines. Mon corps et ma tête sont sur le fil du mon 143ème jour d’entrainement depuis le 1er Janvier entrainements sur les 286 jours qui se sont écoulés depuis le début de l’année. Soit 1 jour d’entrainement sur 2. Si l’on compte en plus les semaines de blessures subies au cours des derniers mois épanchement de la gaine du tendon tibial postérieur, tendinite de la patte d’oie, déchirure du mollet droit, contractures, aileron rotulien, syndrome rotulien, les jours de récupération post course, les empêchements, le travail, la famille... Le ratio augmente la diagonale des fous est un travail de tous les jours. On y consacre le temps libre pour s’entrainer et le temps où l’on ne s’entraine pas pour y penser. Il faut être fou. Ou inconscient. Ou les se prépare à affronter 168 km et 10 000 mètres de dénivelé positif et négatif, sans bâton, dans un climat humide, des variations de températures allant de 0 à 35 degrés en quelques heures, des sentiers impraticables la plupart du temps, parsemé de rochers, de pavés volcaniques, de pierres, de boue, de racines. On a l’impression que même les conditions naturelles ont été programmées avec soin pour ajouter de la tracé minutieusement dessiné pour briser, physiquement et mentalement à boucler en 66h maximum une prépare son corps et sa tête. S’entraîner régulièrement, tout le temps, longtemps. Courir, pédaler, nager, renforcer, gainer, muscler, étirer. Souffrir, se blesser, se soigner, se rééduquer. Sortir par temps froid, chaud, sec, humide, pluvieux, gelé, enneigé. Y aller quoi qu’il arrive, matins midis soirs et week-ends. Douter, beaucoup. On se pose des questions sans cesse, les mêmes N’est-ce pas trop ambitieux ? Serai-je soigné à temps ? Si je me repose, je vais tout perdre ? Mais si je vais m’entraîner je risque de me blesser encore plus ?On fait attention à ce que l’on mange. Vous buvez quoi ? Un Perrier tranche s’il vous plait. Ah tu bois pas d’alcool ? Si… enfin non, pas maintenant. Un dessert ? Non se prépare à souffrir pendant des heures, à ne pas dormir pendant plusieurs jours. On prépare un Le Mans — Nantes à pied avec plus de l’Everest à monter et descendre en partant du niveau de la mer. Et qu’on se le dise, on sait très bien que la hauteur de l’Everest ne parle à personne, si ce n’est à quelques téméraires. 10 000 m de dénivelé, c’est 10 km en hauteur. C’est la hauteur de vol d’un avion de ligne. C’est environ 275 fois les escaliers de Montmartre de haut en bas. C’est 33 Tour Eiffel empilées les unes sur les autres. À monter. Et surtout à descendre. Avec 168 km en prépare au mieux le parcours qui nous attend, l’alimentation, l’hydratation, les ravitaillements, les pauses, essayer de prévoir des minutes de sommeil, anticiper les bouchons potentiels, les barrières horaires, l’assistance, les différents scénarios possibles. Il faut essayer de penser à tout, ne serait-ce que pour n’avoir à se soucier, pendant la course, que de l’ prévisionnel que j’ai préparé km par kmEt enfin, on se prépare à affronter les gens. Les proches qui nous soutiennent mais subissent et à qui l’on impose tout ça. Les autres. Affronter les regards, subir les avis et jugements de chacun. Chacun en a un et il faut l’entendre. Les questions, pourquoi tu fais ça ? Pour 1000 raisons. “Je ne comprends pas”, je sais, tu ne peux pas. Il faut se tenir prêt à faire face à l’isolement social qui se créer naturellement à force d’entraînement et de rigueur. À porter une étiquette, celle “du mec qui court”. S’attendre à être défini comme tel, au moins pour un temps, l’accepter. Devoir justifier pourquoi on doit s’entraîner plutôt que de sortir ce soir. Vous essayerez d’expliquer pourquoi. Vous sortirez vos plus beaux discours cousus de fil blanc sur l’importance de se fixer des objectifs ambitieux dans la vie, sur les vertus du dépassement de soi, de sortir de sa zone de confort, de se créer des histoires à raconter pour plus tard. Vous essayerez mais rien n’y fera. Ce sera ? Car la marche psychologique est trop haute entre pratiquer un sport hebdomadaire et imaginer se lancer dans la course la plus difficile du monde, presque au détriment du on ne s’y lance pas au hasard. On déverrouille d’abord des barrières mentales, petit à petit. C’est comme tout. En Octobre 2015 quand j’ai commencé à courir, parcourir un semi marathon 21,1 km me semblait être une hérésie. Alors si on m’avait dit que 3 ans après je serai prêt à affronter 168 km et 10 000 d+/d- …Personne n’a commencé les mathématiques par des primitives et des intégrales. On apprend d’abord à compter, à additionner, à soustraire, puis multiplier, diviser et ainsi de suite. On y va crescendo, on apprivoise les étapes. On se lance sur 1 km, puis 5 puis 10, puis 15, 20, 25, 42, 80. Et on se dit qu’on peut aller encore plus loin. On se renseigne, on regarde des vidéos. “Lui il a l’air comme moi. S’il l’a fait c’est que je peux aussi, non ?” On parle avec des gens. On la Diagonale des fous c’est mettre pendant un temps, une partie de sa vie en 16 Octobre 2018, ParisCe soir je serai dans l’avion et dans 2 jours, sur la ligne de départ de la course la plus dure du monde, à 9500 km d’ passé les 48 dernières heures à me reposer en essayant d’utiliser mes jambes le moins possible. J’en ai profité pour préparer une playlist de plus de 500 chansons. Ça fait environ 38h de lecture. Large !J’y ai ajouté toutes les chansons qui ont un temps soit peu marqué ma vie, toutes celles que j’associe à une période particulière. J’ai certainement dû en oublier des dizaines mais j’ai l’impression de ne pas être très loin du compte. Tout ça en vrac. Ça donne des lectures aléatoires avec des enchainements assez drôles… Jean-Jacques Goldman, Eagles, Nino Ferrer, Diam’s, Francis Cabrel, Hans Zimmer, Muse, 1 semaine, je m’alimente essentiellement de pâtes, de pommes de terre et de riz. J’enchaîne les gourdes de Maltodextrine depuis 2 jours pour augmenter les réserves énergétiques de glycogène. Je profite de ma dernière journée à Paris pour aller marcher un peu, faire une dernière cryothérapie en immersion 4 minutes dans une salle à -110°. J’en ai fait quelques unes dans l’année, surtout pour accélérer la guérison des blessures musculaires et tendineuses. Je ne sais pas si c’est si efficace qu’ils le prétendent, mais on se sent super bien en sortant. Et sur Internet, ils disent que c’est hyper bon pour le corps. Effet placebo 2 valises sont prêtes. L’une est pleine à craquer, l’autre un peu moins. En tant que participant au Grand Raid de la Réunion, j’ai le droit à 2 x 20 kg à l’aéroport. La première valise contient tout le matériel dont j’aurai besoin pour la course sac, bidons, 2 paires de chaussures, 2 frontales, une veste technique, des t-shirt techniques, des t-shirt seconde peau, 1 cuissard, 1 legging, 1 short de compression, 1 short, 6 paires de chaussettes, 1 porte dossard, éco-cup, 2 x 2,5 mètres de bandages, de la crème Nok, de la vaseline, des Compeed, des piles, des barres, compotes, des dolipranes… C’est le seconde valise uniquement quelques short, t-shirt, caleçons, trousse de toilettes, maillot de bain. Le minimum. De toute façon si je suis Finisher, je ne lâcherai pas le t-shirt “J’AI SURVÉCU” de la semaine qui suivra. Je me dis qu’après tout ce qu’on va traverser, on mérite bien cette dose d’arrogance pendant quelques dois certainement être l’un des derniers à prendre l’avion si tardivement par rapport à la course. Je suis à 48h du départ et toujours à Paris ce qui va me laisser très exactement 36 heures et 30 minutes une fois le pied posé sur l’île pour aller chercher mon dossard à l’extrême opposé, m’acclimater et me reposer suffisamment avant le départ. C’est très juste, mais je n’avais pas du tout réalisé cela quand j’ai pris mes billets en Février. Tant pis, c’est trop tard pour se poser la faire les choses bien telles que l’on me les avait conseillées, il aurait fallu arriver 5–6 jours avant pour m’habituer à la chaleur, pour aller repérer certaines parties du parcours et bien me reposer. Encore une fois, tant pis, je découvrirai tout sur le tas, au moins il n’y aura pas de place pour l’appréhension sur la je suis à l’aéroport avec mes parents dans la salle d’embarquement. On s’amuse à scruter les passagers à la recherche de potentiels futurs fous... Il n’y a qu’à regarder la morphologie, les montres au poignet et la tenue. Je repère une vingtaine de personnes avec des t-shirt Kalenji. Des familles. Parmi eux, les 3–4 pères de familles ont l’air très affûtés. Pour moi ça ne fait aucun doute, ils seront au départ. Le hasard fait que je me retrouverai en plein milieu de ce groupe de familles dans l’avion. Juste avant le décollage je m’adresse à l’une des mères, je lui demande s’ils partent pour le Grand Raid. Elle me répond que pas du tout, qu’ils sont 5 familles à partir ensemble et qu’ils ont loué une villa pour 2 semaines ! Ils ne vont pas s’ennuyer… L’un des pères m’entend et ajoute qu’il n’oserait jamais se lancer là dedans. Et inévitablement, me retourne la question. Je répond timidement que oui, j’y serai avec le dossard 104 et que je compte bien sur eux pour m’encourager. J’avais sous estimé l’impact du dossard. Tous les regards se sont tournés vers moi en même temps. Des regards d’admiration, de curiosité, d’incompréhension, de “pourquoi tu fais ça ?”. Merde dans quoi je me suis lancé, c’est si dur que cela ?La vérité, c’est que je suis inconscient. J’imagine bien ça va être dur, j’ai étudié le parcours km par km en fonction du dénivelé, j’ai vu toutes les vidéos de Youtube. Mais ça ne me fait juste pas assez peur pour ne pas y aller. Honnêtement si j’avais pu, je me serai même lancé sur la Diagonale sans faire de trails auparavant, comme ça sans filet. Ce n’est évidemment pas possible heureusement, il faut d’abord valider et terminer 2 courses ouvrant 85 points 1 km = 1 point / 100 m d+ = 1 point. Ce sont d’ailleurs les 2 seuls trails que j’ai effectués dans ma vie L’Écotrail 80 km le 17 Mars 2018, le Festitrail 81 km le 29 Avril 2018. Et me voici en chemin pour le 3ème, la Diagonale des sens que je m’attire déjà les foudres de traileurs aguerris qui nourrissent le culte de l’effort progressif et des années d’assimilation avant de se lancer sur une telle épreuve. Je respecte évidemment cette façon de faire qui est très certainement le droit chemin, mais je pense surtout qu’il n’existe pas de règle. Mes voisins sont un couple de retraités adorable. Ils me souhaitent bonne chance et me disent qu’ils me suivront en direct sur Live Info. L’avion décolle à 20h, je m’empresse de manger mon plateau repas pour essayer de dormir au Octobre 2018, J-1, Aéroport de Roland Garros Saint DenisIl est 8h25 du matin quand nous atterrissons sur le tarmac de Roland Garros. La nuit a été saccadée mais j’ai pu dormir 5–6 heures au total, ce n’est pas si mal. Malgré tout je me sens très fatigué. Dans le tunnel qui permet de relier l’avion à l’Aéroport, j’aperçois pour la première fois les hauteurs de l’île et les montagnes qui se dressent devant nous. Très honnêtement, je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi impressionnant visuellement. Les pentes et les cassures sont sèches et ça monte très très haut. C’est la première fois que je me dis “ça y est c’est concret, tu ne vas pas faire la Diagonale des fous, tu y es maintenant”. Tes parents sont là pour toi, ta copine est là pour toi, son père aussi, tu ne peux plus merder. Non mais qu’est-ce que je me raconte ? Que je suis capable de réaliser un tel effort physique ? Tu n’as jamais marché en montagne de ta vie. C’est ridicule. Les premiers doutes apparaissent, je les chasse aussi précisé sur la plateforme du GR que j’arriverais par cet avion pour que l’on vienne m’accueillir mais évidemment, tout le monde est à Saint-Pierre pour la remise des dossards qui a lieu en ce moment même. Bah oui Thibault… Patrick, le papa de Laura est sur l’île depuis 3 jours déjà, il nous attend avec la voiture ce qui est bien pratique. Ça nous évite de perdre plus de temps à devoir louer une voiture à l’arrivée. Nous montons dans la voiture, chargés comme des mules. Waze annonce 1h15 pour rejoindre Saint-Pierre. Il me faudra beaucoup plus demain soir pour relier les 2 points par le milieu de l’Île... Et surtout il n’y aura ni 4 voies, ni voiture. Mes 2 jambes et mes Salomon S/Lab à Saint-Pierre; c’est jour de fête. C’est blin-dé. Le village Grand Raid s’est installé sur la place principale et il y a des milliers de personnes qui sont là à la file indienne. Je traverse la place en longeant la longue file d’attente, en espérant y voir le bout mais rien n’y fait, elle s’étale sur des centaines de de y 2 files, celle pour récupérer les dossards qui est quasi vide, et celle des goodies qui, il faut l’admettre, rencontre un franc m’empresse d’aller chercher mon dossard au stand. Désormais le 104 n’est plus un numéro qui traine dans un mail mais bel et bien un papier résistant avec écrit en gros “THIBAULT LOUÉ” au dessus du profil de course qui nous rappellera les courbes sinueuses du 2 dames qui me le remettent me dévisagent sûrement car je suis sans aucun doute l’un des plus jeunes concurrents, la moyenne d’âge de la course étant de 44 ans. Elles me souhaitent bonne chance. Et oui, l’âge d’or du trail c’est la quarantaine, pour la caisse et la tête paraît-il. J’ai d’ailleurs vu dans le journal que le plus jeune à se lancer a 20 ans âge minimum et le plus ancien 72 ans. Respect à eux récupère mes 3 sacs d’assistance dont je ne me servirai pas ayant le luxe d’être assisté personnellement par ma famille. Et je file récupérer l’équipement officiel, mon t-shirt Grand Raid et mon débardeur obligatoire au départ à l’arrivée. Ouf il reste ma taille… Je me dis que même si je vais pas au bout, le simple fait d’aller courir avec dans Paris aura de la gueule !Extrait de rejoins la file des goodies qui est très très longue. Il fait une chaleur accablante au soleil, je fais attention à ne pas me déshydrater. Pendant l’attente, une bénévole vient à ma hauteur et me parler d’une application pour les secours “Sara 112”. Elle m’explique le concept. En un clic, on se fait directement géolocaliser et on entre en contact avec les secours pour qu’ils puissent nous enseigner les premiers soins en cas de besoin, ou venir nous chercher. Je ne sais pas si c’est rassurant ou hyper flippant ? Quoi qu’il en soit je la télécharge et espère ne pas avoir à m’en servir. Au micro, le speaker annonce qu’il est à côté d’une personne spéciale qui a participé à toutes les éditions du Grand Raid, soit 25 fois ! Wow. Le principal intéressé le corrige immédiatement. On entend au micro “non, j’ai terminé 25 fois”. Un détail qui vaut le coup d’être relevé !Au bout d’une bonne heure d’attente j’arrive vers les stands des partenaires et en effet c’est la kermesse. On nous distribue un sac de course et on passe de stand en stand pour récupérer des goodies plus ou moins utiles cache cou, éco-cup, casquettes, savonnettes, gel douche, dentifrice etc. On repart avec un sac rempli de toute sorte de est 12h30, la distribution est terminée. Je rejoins mes parents et Patrick qui m’attendaient à l’ombre et nous prenons la direction du port pour aller déjeuner. J’ai repéré un petit restaurant qui sert des pâtes un peu plus bas. C’est mon repas quotidien depuis 2 semaines, on ne change pas une équipe qui gagne. On s’installe terrasse du petit restaurant à côté d’autre raideurs, et je sens que la fatigue de l’avion prend le dessus. Je n’ai qu’une hâte, que l’on puisse récupérer la location à Saint Leu pour dormir. Mon état physique m’inquiète sérieusement. Je commande un plat de spaghettis que j’avale aussi la fin du repas, Nathalie Mauclair et son mari passent juste devant nous. C’est une cliente Nathalie. Double championne du monde, double vainqueur au Grand Raid, gagnante de l’UTMB. Je la connais car elle est mancelle - comme moi - et est cliente là où mon père travaille. On ne s’est jamais rencontré physiquement mais nous avons échangé par téléphone et par texto à plusieurs reprises dans l’année. Elle m’a donné de précieux conseils pour préparer, appréhender la course et garder la tête froide. D’ailleurs à souligner, quand mon père lui a dit que je me lançais sur l’épreuve, c’est elle qui m’a envoyé un texto pour me dire que l’on pouvait s’appeler pour en parler. C’est dire le fossé qu’il existe entre ce sport les autres. Vous imaginez Mbappé vous appeler pour vous montrer comment jouer au foot ?Je m’empresse d’aller la saluer. Elle a l’air en pleine forme, c’est elle la grande favorite de l’édition. Elle et son mari savent que je suis un jeune coureur dans tous les sens du terme et qu’il faudra être très costaud physiquement et dans la tête pour aller au bout. Ils en profitent pour me donner quelques derniers conseils, particulièrement sur le dernier quart de la course. “Tout le monde dit qu’une fois sorti de Mafate au sommet du Maïdo 115 km on va au bout. Mais non, il reste encore 50 km. C’est long 50 km quand on en a 115 dans les jambes.” Puis un second “Ah et quand tu seras sur le chemin des Anglais 145km à 155 km, n’essaie pas de suivre les réunionnais. Ils vont très vite car ils le connaissent par coeur. Certains essaient même de battre des records sur les segments Strava…”. Pour information le chemin des Anglais c’est un chemin de pavés volcaniques très accidenté qui monte et descend sans arrêt. C’est un cauchemar, surtout en fin de chemin des AnglaisL’anecdote des segments strava me fait beaucoup rire, ça me rappelle 2–3 copains. Je lui souhaite bonne chance pour la course. Avec mes parents et Patrick, nous prenons la route vers Saint-Leu pour récupérer la arrivant sur place, nous sommes en avance mais le propriétaire des lieux se montre conciliant et nous accueille plus tôt prévu pour que je puisse me reposer. En nous remettant les clés, il nous montre son “wall of fame” sur sa terrasse et nous explique que tous ceux qui ont signé ont accompli quelque chose d’exceptionnel dans leur vie. Il me promet que si je vais au bout, je signerai sur son mur. Deal. L’endroit est sublime. On a une vue imprenable sur la mer depuis la terrasse et surtout des couchers de soleil de folie. Pendant le séjour, nous aurons même le luxe de voir des a de la gueule en vraiJe file à la douche et je me couche le temps d’une courte sieste. En me réveillant, je profite d’un dernier diner au bord de l’océan Indien, en famille. Nous sommes à 24h du Octobre 2018, me réveille à 9h. Ce jour là, j’en ai rêvé des dizaines de fois et j’y suis enfin. J’ai plutôt bien dormi. Je pensais faire la course dans la nuit comme j’ai pu le faire de nombreuses fois au cours des dernières semaines mais non. La fatigue accumulée a bien aidé. Je me lève et profite du soleil pour prendre un bon petit déjeuner hyper complet avec une dernière bouteille de Malto au bord de l’océan avec mes parents et Patrick. J’en profite, c’est le dernier avant quelques jours…9h30, je recharge toutes les batteries montre, téléphone, batterie externe. Je prépare mon sac de course avec mon père en veillant à ne rien oublier du matériel obligatoire. On déroule la liste 2–3 fois pour être sûr de ne rien lampe frontale avec piles ou batteries de rechange, OK1 couverture de survie d’une dimension minimum de 1,4m X 2m, OK1 réserve d’eau d’un minimum d’un 1,5 litre. OK1 sifflet, OK2 bandes élastiques adhésives permettant de faire un bandage ou un strapping d’une longueur minimum de 2,50 m, et de 6 à 8 cm de largeur. OK1 réserve alimentaire constante et suffisante pour relier les points de ravitaillement, OK1 vêtement de pluie imperméable avec capuche, et coutures thermo-soudées. OK1 vêtement chaud type seconde peau » à manche longues en tissus technique adapté à l’environnement, OK1 gobelet par personne, OK1 pièce d’identité, OKOn prépare aussi le sac d’assistance qui contient tout ce dont je pourrais potentiellement avoir besoin sur les différents points réserves alimentaires, vêtements secs, médicaments, chaussures de rechange, piles pour la frontale. Est-ce que je prends la genouillère ? Non allez fais toi se sent mieux quand le sac est fait. Il doit peser entre 3 et 4 kg. Ça vient compenser les 5 que j’ai perdus pendant la préparation !Je sens déjà les montées d’adrénaline dans mon corps à chaque pensée pour la course. Je me mets dans le canapé et note sur mon iPhone toutes les raisons pour lesquelles je suis ici. Je sais que je vais perdre toute ma lucidité à certains moments et que je ne serai peut être plus en mesure d’être rationnel. Et ça je devrai m’en je suis prêt. Je n’ai plus qu’à attendre que le temps passe. Je vais m’allonger dans la chambre et lance un film pour me changer les idées. The Tourist avec Johnny Depp et Angelina Jolie, un bon film croisière pour ne penser à rien. C’est le seul que j’ai sur mon iPad, ça me va très bien. Pendant ce temps là, Patrick file chercher Laura à l’aéroport, elle doit atterrir aux alentours de Laura arrive et nous passons à table. Je fais le plein de riz, pommes de terre, blanc de poulet, compote et fromage blanc. Puis je retourne m’allonger, l’attente est difficile. Je fais un point sur mon corps - Jambe gauche 90%- Jambe droite 75%- Fatigue 85%- Mental 200%15h, j’essaie de me rendormir mais sans succès. Moi qui n’arrive jamais à faire de sieste, j’en n’attendais pas moins en ce jour spécial. Les heures passent très lentement… Je reçois beaucoup de messages de ma famille et de mes amis qui m’encouragent et me donnent de la force. Et parmi ces messages, il y a la causerie de Nicolas Allez mon pote, c’est l’événement de ta vie, celui que tu n’oublieras jamais, celui que tu raconteras à tes enfants, à tes amis. Celui pour lequel tu as fait des tonnes de sacrifices alimentaires, sociaux, amoureux. Celui qui te permettra de fermer des bouches. Celui pour lequel tu as passés des heures — pour ne pas dire des jours — à t’ pour ces moments là que tu aimes courir, pour le parfum de la ligue des champions, cette tension énorme avant une grande course. Après celle-là, rien ne sera jamais plus pareil. Pour toi personnellement, mais aussi dans le regard des gens. 2700 personnes sur 7 milliards d’habitants, tu vas rentrer dans un cercle ou même pas 0,001% des humains pourront prétendre rivaliser avec ce mental, cette détermination, cette persévérance, cette rage de avant ça, avant la récompense ultime. Il y aura 168 km à affronter, 10k montée mais aussi 10k de descentes, et donc 20k de haut et de bas. Pendant les bas, ces moments creux où tu vas te détester, te demander pourquoi t’es là, ce moment ou le mental pessimiste va commencer à prendre le dessus sur le physique. Je veux que tu chasses immédiatement cette idée noire qui va résonner dans ta tête. Je veux voir la rage de Lucas Hernandez, la combativité de Ngolo Kanté, la résistance de Blaise Matuidi, la vaillance de Raphaël Varane. Je veux un chien enragé qui va chercher son étoile ! Car la 2ème étoile on l’a pas eu en buvant des pintes et en se la coulant douce en terrasse. Ce prestige que tu vas chercher, il se mérite. Pour le mériter il faut souffrir, et accepter de souffrir. Alors on ne baissera jamais les bras quoiqu’il arrive. Et quand on se sentiras au plus bas avec la tête baissée. On tape du pied au sol, on fronce les sourcils, et on repart !!!Pense à tous ceux qui sont derrière toi, tous ceux qui te soutiennent, depuis hier ou depuis le jour 1. Pense à la fierté que tu vas nous donner. Regarde derrière toi et vois tous les km que tu as fait pour te présenter sur cette ligne de départ. Ces kilomètres ils sont 10 fois supérieurs à ce que tu t’apprêtes a faire, le plus dur est donc derrière. Il n’en reste que 168 pour atteindre le rêve ultime. Tu ne vas pas jouer la coupe du monde la, tu vas jouer la Finale de la coupe du monde !!! Alors ON Y VA CHAUSSE LES SALOMON ET C’EST PARTI FRÉROTPense à ce que diras Grégoire Margotton quand tu franchiras la ligne d’arrivée. Ils s’appellent HUGO, BENJAMIN, RAPHAËL PRESNEL SAMUEL ANTOINE FLORIAN ADIL STEVE ALFONSE NGOLO BLAISE LUCAS PAUL KYLIAN OUSMANE CORENTIN NABIL OLIVIER DJIBRIL ET THIBAULT !!!!!ALLEZ MON POTE, rendez-vous dimanche midi pour le récit épique. Je ne veux pas de messages avant ! Je veux aucune notifs de Thibault Loué avant sa victoire. J’aurais aimé être là, j’ai tout fait pour venir même à la dernière minute, mais je ne suis pas là juste physiquement. Parce que psychologiquement je suis là à 200%. Je te regarde, alors ne lâche jamais rien !Je veux être tout seul à le faire l’année prochaine !!! Ou alors tu seras avec moi pour battre ton record !LA FORCE. LA WIN OU RIENMerci Nicolas. Tel Aragorn, Neville Londubat, Elisabeth Swann, Didier Deschamps ou Grégoire Margotton, tu as eu les mots message j’ai pu le relire à un moment critique de la je dois partir dans 1 heure. Je prends une dernière douche avant un long moment… Je profite de chaque seconde de ce dernier moment de confort absolu. Puis un dernier repas similaire à celui du midi. Rien de l’heure de s’habiller. Tout a été pensé. Le choix du caleçon, la façon d’enfiler chaque vêtement, très minutieusement. Je m’enduis le corps de vaseline pour éviter toute friction des coutures avec la peau, sous les aisselles, sur les cuisses, derrière les genoux. Sur un marathon c’est tolérable, sur un ultra ça peut très vite tourner au cauchemar. Je met de la crème Nok sur les pieds, une belle couche et j’enfile mes chaussettes roses par dessus. Les manchons de compression aux mollets, le short de compressions pour les cuisses, le t-shirt officiel, le porte dossard, le sac, les gourdes, les chaussures que je ne serre pas, la casquette vissée sur la tête. La frontale est dans le sac, je la mettrai avant de partir. J’ai d’ailleurs trouver une super technique qui consiste à la mettre dans le trou de la casquette. Je suis prêt pour aller au Il fait déjà nuit. Nous prenons le chemin de Saint-Pierre pour aller rejoindre le SAS de départ. Il y a du monde sur la route. C’est l’évènement là-bas ! Le départ est dans 4h… Ça va être nous est demandé d’arriver tôt pour pouvoir contrôler les sacs des 2659 raideurs et déposer les sacs d’assistance, ce qui j’imagine prendra énormément de Nous arrivons à destination. Il y a beaucoup de monde et il est quasiment impossible de se garer. Je dis au revoir à mon père & Patrick qui ont prévu d’aller garer la voiture plus loin et s’installer au 5ème km pour avoir une chance de me voir passer. Le départ est noir de monde sur les premiers km, c’est difficile de trouver une père est très ému. Je n’ai pas l’habitude de le voir comme ça, mais je ne suis pas déstabilisé comme j’aurais pu l’être de le voir ainsi à un autre moment. J’entends la musique qui semble venir du SAS des coureurs où des concerts sont donnés. Les raideurs sont tous vêtus du t-shirt officiel jaune et blanc, beaucoup sont accompagnés de leur proche. C’est un peu ambiance quai de gare avant un départ à la guerre… Je reste quelques minutes devant l’entrée du parc coureur avec Laura et ma mère sur un trottoir en attendant que ça se passe. À côté de nous il y a un couple d’une cinquantaine d’année. La dame me dit que c’est son premier Grand Raid. Moi aussi ! Mais elle a déjà fait l’UTMB il y a quelques années… Ah d’accord. Et toi ? Hein moi ? Euh. L’écotrail de Paris… hihi, sourire je dis au revoir à Maman et Laura avant d’entrer dans le parc des coureurs. C’est parti, je suis seul face à moi même jusqu’à demain matin à Mare à Boue 49 km, environ 10–11h de course où j’aurai ma première assistance. Passage obligatoire, je fais contrôler mon sac par une bénévole. Elle vérifie que j’ai bien les 2 x 2,5m de bandages, la couverture de survie, le sifflet, les 1,5 L d’eau, la réserve alimentaire, la veste, la seconde peau, la batterie de frontale de rechange. Sécurité avant tout. Je passe le test avec succès et je me dirige vers l’endroit où attendent tous les coureurs. Une sorte de parking avec des gros cailloux au sol et de l’herbe par repère un stand de ravitaillement à l’autre bout. Je m’y dirige pour manger un morceau et boire quand tout à coup… VLAN. La cheville qui se plie sur un gros caillou. Je ne suis même pas parti que j’ai failli me faire une entorse bêtement, juste parce que je ne pensais à rien et que je n’ai pas serré mes chaussures avant de partir. Cet avertissement me rappelle qu’il faudra être vigilant tout au long de la course. Qu’une course de 66h, c’est 3960 minutes, soit 237 600 secondes. Tout autant de risques de se blesser. J’insiste, la diagonale des fous, c’est un risque à chaque je me dirige vers le ravitaillement d’avant course. Je choppe quelques morceaux de sucres sur les tables que je mets dans mon short et je vais m’allonger dans l’herbe. Le départ est dans 2h15. Il fait bon, peut être 25 degrés, très humide. Un petit vent assez frais se lève, ce n’est pas désagréable. D’où nous sommes, nous voyons la montagne s’élever à perte de vue vers les nuages. C’est à cet endroit précis que nous allons effectuer la première ascension. Je la regarde d’un air inquiet. Il va falloir monter tout ça ? Et ce ne sera que le début… Je chasse rapidement ces pensées, m’allonge par terre et regarde le ciel en attendant que ça se passe. Je sens un peu de fatigue, mais plus le départ va approcher, plus mon corps va se charger en les minutes passent si lentement… les coureurs s’accumulent dans le de suis très jeune par rapport à tout ce monde. A vrai dire, j’ai cette sensation bizarre d’être comme un peu comme un imposteur ici, de ne pas mériter d’être là. Un peu comme un étudiant Erasmus qui s’en va prendre l’avion, que l’on surclasse par hasard en business class et qui se retrouve en t-shirt H&M à commander du champagne illimité parce que c’est gratuit. Non Thibault, tu as mérité d’être là, tu as travaillé dur, tu as effectué tes 2 courses qualificatives avec succès. Je reste dans ma bulle, conscient de mes aptitudes mentales et déjà la 3ème fois que je vais dans les toilettes de chantier depuis que je suis arrivé. Et ça ne va jamais en s’améliorant d’habitude…Avant mon premier marathon en Avril 2017, je me souviens devoir faire pipi toutes les 10 minutes pendant 1h30… Prends sur toi beaucoup de mal à tenir en place mais je dois absolument m’économiser. Je me dirige vers les tables posées à côté du ravitaillement pour m’assoir. À côté de moi il y a un couple de retraités, ils sont très sympathiques. Ils doivent avoir la soixantaine passée et en sont à leur 4ème participation. La dame me fait remarquer que je suis très jeune, et que “nous les jeunes, on veut tout faire vite, qu’il faut savoir écouter son corps”. Je lui répond que c’est ce que je fais, que mon corps hurle d’envie d’aller traverser cette diagonale. Pour être honnête, je sais que c’est bienveillant mais ça m’agace quand on me dit ça. Un peu comme quand on dit à Mbappé “tu es jeune, tu gagneras le ballon d’or plus tard”. NON. C’est une brute, il a 19 ans, donnez-le-lui. Je m’égare…En face de moi il y a un homme d’une quarantaine d’années. C’est sa 3ème participation. Il a échoué sur les 2 premières. Il habite sur l’île depuis quelques années et est un coureur expérimenté. Il m’explique ses 2 échecs, une hypothermie au Col des boeufs dans le cirque de Mafate 85 km après une micro-sieste je prends note, et une périostite l’année d’après dans le mur qui descend à Cilaos63 km. Je lui explique que c’est ma première diagonale et que je me sens prêt, ridicule. En prononçant ces mots, j’ai l’impression de vouloir m’en convaincre. Oui, je n’ai jamais couru en montagne et j’habite Paris, mais ça va le faire non ? Nous nous souhaitons bonne chance et resterons ensemble jusqu’au départ. Je retiens son numéro de dossard, c’est le seul que je retiendrai d’ailleurs parmi tous ceux que j’ai croisés et à qui j’ai pu dire “fais attention je regarderai si t’es Finisher à la fin !” Félicitations Mathieu Magrin 263, Finisher en 485933. Tu l’as il y a enfin un mouvement de foule. Ahhhh. Tout le monde se lève et se dirige vers les barrières, ce qui semble être le passage pour accéder à la ligne de départ. On dirait l’ouverture des grilles un jour de soldes. Nous sommes à 45 minutes du départ. Il va falloir rester debout jusqu’au bout maintenant. Merde, je n’ai pas pu faire mon dernier pipi de départ… Je n’ai pas dit mon dernier mot; qui dit 3ème trail dit “expérience”. Il fait nuit… nous sommes entassés… j’ai très envie d’aller aux toilettes, j’ai une bouteille d’eau presque vide dans la main… Je vous laisse le soin d’imaginer la suite à 21h36 et 21h49. Système D, ça fait partie du sport. À ce stade c’est du génie. Nous sommes entassés, chacun veut se placer au plus près de la ligne, car le départ de la course est déterminant. Petite parenthèse explicative du partir du 15ème km, nous entrons dans des “single” petits chemins de forêt dans lesquels il est très difficile, voire impossible de doubler. Avec le flux de coureurs trop important par rapport à la capacité qu’ont ces chemins à accueillir les coureurs, cela créer naturellement un bouchon. Il faut donc arriver avant que le bouchon ne soit trop conséquent, au risque de perdre trop de temps et se faire éliminer par les barrières horaires. Bon, l’organisation a annoncé qu’ils avaient revu cette portion et qu’ils avaient fait des aménagements pour les supprimer… Mouais. De l’autre côté, il faut effectuer le bon dosage pour ne pas se cramer en partant trop vite. D’ailleurs, il y en a quelques uns qui partent trop vite et abandonnent dans les premières nous sommes entassés comme des bêtes en attendant que ça se passe. Le speaker envoie l’hymne du Grand Raid, une musique épique que je n’arrive pas à retrouver d’ailleurs. Il nous chauffe avec des phrases travaillées à l’entraînement. Tout s’enchaîne, c’est une symphonie. La technique de Neymar et l’élégance de Verratti au micro. “AU ÉCHEC, LE FOU SE DÉPLACE TOUJOURS EN DIAGONALE”. C’est un parolier ! Arrêtez-le ! Ceci dit j’adore la métaphore. Il présente les favoris, François D’Haène, Benoit Girondel, Antoine Guillon, Maxime Cazajous, Nathalie Mauclair. Tous ces monstres de la discipline ne sont qu’à quelques mètres devant nous et auront la primeur d’ouvrir la course. En même temps je ne me vois pas les suivre à 16 km/h…21h45, la ligne de bénévole mise en place pour nous retenir est bien là, la musique de plus en plus forte. La tension est palpable, quand tout à coup… ON AVANCE. Ça y est le train est en marche, la masse de raideurs se bouscule, tout le monde s’accroche à son voisin, au sac de celui qui est devant. On marche sur des bouteilles, des cailloux, c’est hyper dangereux. On avance comme des légionnaires romains dans leur Scutum. Ça piétine. Plus que quelques quelques dizaines de mètres à parcourir et nous serons bientôt sous l’arche de départ. Je suis plutôt bien placé dans le SAS. De chaque côté de la route, c’est noir de monde. Il y a une ambiance de fou furieux, la musique est prenante. On nous acclame, ça applaudit, ça siffle, et les supporters sont étalés sur les 5 premiers km. C’est inimaginable. Ça y est on est sur la ligne droite du boulevard, tel un avion prêt à and gentlemen We will be taking off shortly. Please make sure that your seat belt is securely fastened. C’est le moment de tout donner. Margotton aux commentaires, Thiago Motta au corner, Thiago Silva à la réception. Les frissons. Je sautille. Mais jambe douloureuse se fait sentir mais je l’oublie un temps. 21h55, 5 minutes. Je suis comme un fou. 21h56, je ferme les yeux, je veux me rappeler toute ma vie de ce moment. 21h57, putain ça va partir. Les réacteurs sont à pleine puissance, quand je lâcherai les freins ça va partir. 21h58, j’ai la chance d’être là. 21h59, Pense à tous les sacrifices que tu as fait, les amis, les soirées, l’alcool, la bouffe, les entrainements tard le soir, tôt le matin, les… merde pas le temps 5, 4, 3, 2, 1…SAINT PIERRE - Ravine Blanche - Km 0C’EST PARTI ! C’ foule sur le côté est en délire, un feu d’artifice est tiré ! Wow. Je pense que je ne verrai jamais un départ de course aussi fou. Ça piétine pendant quelques secondes et j’arrive finalement à me lancer. Je pars sur un petit rythme bien maîtrisé, entre 9 et 10 km/h. C’est une allure que je peux tenir pendant des heures sans bouger, ça me permet de rester dans ma zone de confort sans consommer d’énergie. Je n’excède pas la vitesse prévue, j’arrive à garder la tête froide malgré l’ambiance. Devant, c’est parti très très vite. Je slalome mais je me fais doubler par beaucoup de personnes. La clé c’est de faire abstraction du flux de personne qui double. J’avais fait la bêtise de suivre au Festitrail, j’avais payé la note inévitablement. Là, je me laisse aller. Je pars pour au moins 50h de course, il faut gérer. Je me rapproche du bord de la route pour taper les mains des supporters et… VLAN ! Un terre plein central que je n’avais pas vu, je me rattrape de justesse. 2ème avertissement à moins d’1 km du départ. Le cardio à ma montre reste stable mais il fait très très lourd, il est un poil au dessus des constantes habituelles. On continue sur le boulevard en bordure de l’océan pendant 3 km environ. L’ambiance est toujours aussi folle. Dans ma tête il se passe plein de choses. Un mélange de “CASSE LA DÉMARCHE COMME SAMUEL, SAMUEL UMTITI”, de “NE PARS PAS TROP VITE NE PARS PAS TROP VITE”, de “N’IMPORTE QUOI QU’EST-CE QUE TU FOUS LÀ MDR” et de “PUTAIN IL EST PLUS LONG QUE SUR LES VIDÉOS CE BOULEVARD”. Chaque main que je tape est une dosette d’énergie que j’essaie de visualiser et de stocker dans mon corps. Certains se prennent au jeu et courent avec nous sur quelques dizaines de mètres avant de nous souhaiter un ultime “bon courage”. Que c’est bon. Nous profitons de ces derniers instants de plat et de béton et c’est rare de le souligner avant d’affronter les terribles sentiers qui nous attendent. 4ème km, on commence à monter dans les rues de Saint Pierre vers les hauteurs. Certains marchent déjà, je continue sur ma lancée jusqu’à ce que la pente soit trop raide pour que je sois dans une zone confortable. 5ème km, j’entends “MON TITIIIIIIIIIII !” Ah ! Ça c’est maman ! Ma famille est là ! J’ai à peine le temps de tendre ma main pour leur taper que je suis déjà passé. Ils ont écrit mon numéro de dossard au les avais prévenus. Au départ ça va très vite et je ne pourrai pas m’arrêter. Les lumières de la ville s’estompent peu à peu à mesure que nous entrons dans les champs de cannes à sucre. C’est parti pour 35 km de montée pour chauffer les n’y a plus aucune lumière et je maintiens mon rythme de 9-10 km/h sur le plat et marche rapide dans les cotes. Je me sens bien, même si j’ai déjà beaucoup transpiré à cause de l’humidité. Je réalise difficilement ce qui m’attend, j’ai toujours un peu de mal à rentrer dans les courses. Nous sommes désormais bordés par les champs cannes de chaque côté, ça monte doucement. La tête de course est déjà très haute, on peut voir les frontales au loin dans la montagne. Ça donne une petite idée de ce qui PLAT - 7 KM 196m d+1er ravitaillement d’eau uniquement. Je n’ai quasiment pas bu dans mes gourdes depuis le départ et j’avais prévu de ne pas m’arrêter à cet endroit. Il s’agit simplement d’une tente dans un virage, je passe devant et je remonte des places. Je n’ai toujours pas allumé ma frontale, je profite de la lumière qui émane de celle des autres largement suffisante pour le ravitaillement d’eau. Extrait de après avoir passé le ravitaillement, la difficulté des montées monte d’un cran. On est sur du chemin de terre, un peu rocailleux avec des cannes écrasées au sol. Et c’est raide. Je passe en marche rapide et je commence à remonter quelques personnes qui avancent moins de haut d’une bosse je me retourne et je peux admirer un magnifique serpent de lumière derrière moi. Cette image me rassure car nous voyons bien la ville de Saint-Pierre qui s’éloigne de plus en plus. Surtout, il reste encore pas mal de personnes derrière moi, je me dis que je suis pas trop trop mal. Il y a des micro-moments de plat et de descente pendant l’ascension, j’en profite pour relancer et gratter quelques places dès que je peux. Dans la montée, des petits groupes se forment rapidement. Je repère une fille qui semble avoir le même rythme que moi, nous nous suivrons en silence pendant 2–3 km, puis je la dépasserai par la suite. C’est assez drôle avec du recul. Il y a toujours des personnes avec lesquelles on passe une toute petite partie de la course, sans jamais décrocher un mot, mais juste en sachant qu’il ou elle est un binôme pendant quelques plutôt bien dans une pente régulière, les cailloux et les trous sont présents mais pas non plus omniprésents, on peut encore les éviter. Le sol est très poussiéreux en revanche et le flux de coureurs la fait voler. Je peux la voir dans la lumière de mon frontale. J’imagine que l’on en respire une belle dose… Il commence à faire plus frais, le vent souffle et je suis trempé. Pour éviter d’attraper froid, je réussi à attraper un cache cou dans mon sac et l’enfile immédiatement. Dans la montée je sens mon psoas douloureux ce qui me fait douter pour la suite, la route va être longue et sinueuse. Mais je fais travailler mon mental pour faire traileur m’a expliqué qu’il fallait à tout prix ne jamais laisser s’ouvrir la faille psychologique. Il m’a donné un exemple très concret celui d’avoir envie d’aller aux toilettes quand on est dans un embouteillage. Si une envie pressante vous prend et que vous n’avez d’autre choix que d’attendre, alors vous attendrez et arriverez à en faire abstraction. Laisser la faille psychologique s’ouvrir, c’est le moment où on arrive enfin devant la porte de chez soi, que l’envie se fait sentir de plus en plus pressante et que l’on panique à sa porte d’entrée avec ses clés. Et bien là c’est pareil, lorsque s’entrouvre la faille psychologique, il faut la refermer immédiatement. Pour cela, je me répète “je t’interdis d’avoir des pensées négatives”. Je visualise un mur en roche dans lequel une faille essaie de grandir. Et dans ma tête, j’arrive à renforcer le mur avec du béton, pour ne rien laisser à mesure qu’elle lutte pour s’ouvrir. Ça peut paraître abstrait mais ça km, nous quittons les chemins et attaquons une portion sur route assez raide. Il y a encore beaucoup de gens qui nous encouragent et nous applaudissent. Dans un virage, les supporters se resserrent pour ne laisser passer qu’une seule rangée de coureur, à la façon du col de l’Alples d’Huez au Tour de France. Le kiffe de se sent fort, les gens nous appellent par notre prénom grâce aux dossard, ça tape dans le dos, dans les mains ça donne une force considérable. Je ralentis et demande “Excusez-moi, je cherche le stade de la redoute svp ?”Cette vanne que je réutiliserai plusieurs fois fonctionne super bien. Ils m’expliquent que c’est juste après la montée à droite. “Ahhh super nouvelle ça !”. En réalité, c’est à environ 155 km de là, 9000 m de dénivelé en profite au maximum de tout ce qui se passe, je suis encore à moitié euphorique, pas encore concentré à 100% sur la course. “Fais attention à ne pas te blesser et avance”.Sur la route, je remonte par hasard au niveau de la dame avec qui j’étais assis sur les tables avant le départ, elle n’est déjà plus avec son mari mais m’explique qu’ils ne font jamais la course ensemble car ils n’ont pas le même rythme. Mais ils finissent toujours par se retrouver sur le parcours. Je trouve ça mignon. Et je file devant elle ! Je ne la reverrai VIDOT - 14,7 KM 656 d+Je passe à la Télé ! 1er vrai ravito. Je suis 5 minutes en dessous de mes prévisions. J’en profite pour remplir mes bidons et manger un peu de tout fromage, quartier d’orange, est minuit passé, c’est Vendredi ! Je m’apprête à repartir quand je vois plusieurs coureurs se changer. Ils ont raisons, mieux vaut perdre 2 minutes ici et ne pas attraper froid. J’enlève la frontale le sac, le dossard. Je retire mon t-shirt officiel qui est trempé et enfile ma seconde peau manche longue. Je repars du ravito quand soudain… PAF LE BOUCHON. Bon, je m’y attendais donc ça passe mieux. Nous sommes à l’arrêt complet, sauf pour 2–3 petits génies qui ont visiblement réussi à chopper des “fast-pass” au ravito. J’adore ces mecs qui te doublent comme si c’était toi qui choisissait de ne pas avancer dans un bouchon, “excusez-moi, pardon, on est pressé”. Ah oui c’est vrai, pas nous. Vivement la VAR sur les détendre l’atmosphère, je sors mon téléphone, le mets en mode selfie et balance un “SALUT LES LUCIOLES !”.Ça ne fait pas rire grand monde, mais je suis hyper content de ma blague. Je viens de manger 15 km avec 700 d+ et je suis en pleine forme. Et là on va attaquer une très grosse partie, 10km avec 1000 d+avec du petit single de forêt, des racines, des marches. Même pas peur. Pour dire la vérité, je n’ai que quelques flash de cette partie. Le fait d’être dans les bouchons, à la file indienne, de n’avoir que le sac et les mollets du coureur de devant dans le champs de vision n’aide pas le cerveau a créer des super souvenirs. Ce que je sais, c’est que ça monte sec mais je le vis super vu de jour, extrait de Réunion 1ère toute façon, je vis bien toutes les montées de manière générale. Je ne saurais pas l’expliquer, je les ai travaillées à l’entrainement mais pas excessivement. Je suis hyper à l’aise dans l’exercice. Je double toujours beaucoup de gens dans ces portions, et je me fais doubler en descente. C’est plutôt un bon compromis à mon niveau. J’ai bien retenu les leçons d’Antoine Guillon Champion du monde, 12 participations à la Diagonale, 1 victoire et 10 fois dans le top 4 toujours aller chercher le point le plus bas quand on monte pour préserver l’énergie, et le point le plus haut quand on descend pour éviter au maximum les chocs. Les bouchons vont et viennent pendant plusieurs km selon les endroits plus ou moins étroits dans lesquels nous passons. Je fais bien attention à mon hydratation. “Si tu ressens la sensation de faim ou soif, c’est déjà trop tard.” Ça devient silencieux sur les sentiers. Je relance toujours aussi aisément en haut des côtes sur les petits passages plats. On commence à être très haut avec une super vue sur la baie éclairée par les lumières de la ville et le reflet de la lune. L’environnement est surréaliste, il y a des arbres, de l’herbe, de la verdure partout autour de nous, c’est très dense. L’air est frais et pur. C’est hyper agréable, beaucoup plus que les Buttes Chaumont. On grimpe, on grimpe et lorsque l’on croit que l’on arrive en haut, ça grimpe encore plus. J’adore cette partie. Peut-être parce que je suis frais et que j’ai l’impression que les autres autour de moins ont moins d’aisance. Loin de moi l’idée de me réjouir du malheur des autres mais ça me donne la sensation d’être dans une forme olympique. En vérité, si demain je devais y retourner seul et en pleine journée, je serais sûrement en on avance, plus le décor change. On est maintenant beaucoup plus haut et il y a plus de mousse sur les arbres, c’est de moins en moins dense. Je vois un homme s’endormir en marchant rattrapé de justesse par la personne derrière avant de se prendre l’arbre en face de lui. Ah ouais, déjà...À droite c’est le vide, protégé par une clôture. C’est un trou noir sans fin. En continuant sur le sentier je vois un homme assis le regard livide. Puis quelques dizaines de mètres plus loin, un autre en pleurs au téléphone. Il semble dire qu’il n’a plus de jambes. On est à peine au 20ème km, je pense que la suite va être compliquée pour eux. Mais le trail c’est aussi ça. Être au plus mal et se dire que rien ne pourra être pire par la suite pour remonter la pente. Il y a d’autres personnes assises sur le bord du sentier à mesure que l’on avance, je leur tape sur l’épaule en passant, “bon courage mon pote”.Il commence réellement à faire froid là haut, on est quasiment à 1800 mètres d’altitude et le vent souffle fort. Il y a quelques heures nous étions au niveau 0, au bord de l’océan Indien à 25 degrés. Là il fait presque ressenti 0 degré. Je m’arrête pour remettre de la crème sur mes pieds, je sens le frottement au talon dans les pentes. Je veux à tout prix éviter l’ampoule prématurée. Je préfère laisser Mafate faire son boulot pour ça. Je profite de mon arrêt furtif pour enfiler ma veste Raidlight. Wow. Incroyable. La qualité de cette veste… elle est légère, respirante, elle coupe parfaitement le vent et est imperméable. Ce n’est pas la mienne, on me la prêtée mais j’en suis déjà convaincu. Au terme d’une énième montée, il reste 2 km de faux plat sur lesquels j’envoie avant d’arriver au ravitaillement du 25ème DAME DE LA PAIX - 25 KM 2071 D+Depuis Domaine Vidot 10 km /1000 d+Temps de course 45856Près de 5 heures de course, il est 2h58 du matin quand j’arrive au ravitaillement. Je suis en pleine forme. Mentalement être sous les 5h à cet endroit me fait du bien. Le ravito est installé dans un chemin entre les arbres, ce n’est pas très large et ça s’entasse beaucoup. Certains coureurs ont le visage déjà largement marqués. D’autres dorment déjà. Il y a de la soupe au vermicelle au ravito, j’attrape mon éco-cup et j’en demande une bonne louche. Ça va me réchauffer, on doit pas être loin de 0°C ici. Je me ravitaille en sucre, mais aussi en sel. Toujours surveiller ses apports en sucre et en sel. Je demande une belle pincée que je mélange avec de l’eau et SLURP, je l’avale cul sec. C’est délicieux… Je resterai 10 minutes environ, le temps de m’assoir 5 minutes, de finir de boire ma soupe et repartir du bon pied. J’ai presque 45 minutes d’avance sur mes prévisions !À la sortie du ravito, on avance sur une route bétonnée très très raide pendant 1 bon kilomètre. Ah ! La fameuse route aménagée spécialement en 2018 pour éviter les bouchons… Une fois là-haut, je me rappelle voir un ciel plein d’étoiles au dessus de moi. J’éteint ma frontale et regarde en l’air. C’est sublime. Puis on redescend aussi sec avant de prendre un petit chemin à droite pour s’enfoncer dans un champs, et BAM. Encore un bouchon… Yessssss ! Encore à l’arrêt complet. Toute la portion suivante est un enchainement de petites montées et descentes très raide à travers des champs, d’escalade d’échelles qui nous permettent de passer au dessus de clôtures en barbelés. Ça avance en ligne droite. À gauche, des champs, à droite, 500 mètres de vide. Les bouchons nous font perdre énormément de temps, ça me frustre mais c’est le jeu. À mon niveau et à ma vitesse on mange les bouchons, c’est comme ça. Et je ne suis pas au bout de mes Google profite pour discuter avec mes voisins. L’un d’eux est un finisher de l’édition précédente, il m’explique qu’il a eu énormément de mal à terminer et qu’il a effectué les 20 derniers km en 10h car il a dû s’arrêter dormir 1h à 4km de l’arrivée. Je n’imagine même pas l’état dans lequel il devait être pour que son envie d’arriver ne prenne pas l’ascendant sur sa fatigue. Ça parait si loin cette arrivée… Mais je ne désespère absolument pas. À vrai dire j’ai l’impression de toujours être celui qui a le plus la patate dans les petits groupes avec lesquels j’avance. Les autres sont assez silencieux, concentrés. Les montées et descentes dureront près de 2h. Cette portion est très casse patte, différents muscles sont sollicités de manière intense à tour de rôle. J’ai beau essayer de faire abstraction de la douleur que je ressens au psoas, c’est le bassin qui commence à subir à son tour. Logique, l’un va avec l’autre. Je fais tout pour ne pas y est presque 5h30 du matin quand nous arrivons sur une très belle partie. Un chemin de forêt magnifique. Pour essayer d’imager l’endroit, on dirait une piste verte au ski, vous savez les chemins interminables, pas très larges, qui permettent généralement de redescendre à la station. C’est ça. Les premières lueurs du jour se dessinent. FIN DE LA PREMIÈRE NUIT. Elle s’est super bien passée, j’ai toujours autant la patate !Il y a des arbres de part et d’autres, un terrain plat et roulant sur l’herbe. C’est la partie la plus agréable du parcours pour les jambes et les pieds, j’en profite pour envoyer un peu, je sais que ça ne va pas dont je parle juste avant. Extrait de de soleil se lève et nous profitions d’une vue magnifique sur les pics de montagnes qui surplombent les nuages et la brume matinale. Nous quittons ce beau sentier et rejoignons la route du Volcan que nous descendons sur 500 mètres avant de remonter vers les plaines. C’est magnifique, comme sur les vidéos que j’ai vues avant de venir. Mais cette fois-ci j’y suis bien en vrai, en ressentant la fraicheur de l’air et la chaleur du soleil qui se chemin est technique, cassant, mais qu’est-ce que c’est beau. J’avance derrière un homme qui me raconte qu’il a tenté sa chance l’année dernière, mais qu’il a malheureusement été contraint d’abandonner à Roche Plate 105 km juste avant le mur du Maïdo. Les semelles sous ses chaussures n’ont pas supporté la traversée du cirque de Mafate et se sont décollées. Avec plus de lucidité, il m’explique qu’il aurait pu les réparer avec son rouleau d’Elastoplast et changer de chaussure 20 km plus loin à Sans Souci là où son sac d’assistance l’attendait. Comme quoi… la lucidité c’est vraiment la clé avant de prendre une quelconque continuons dans des petits sentiers étroits jusqu’au 38ème km, ravitaillement Belvédère Nez de boeuf. Ces derniers km m’ont littéralement cassé les DE BOEUF - 38 KM 2406 D+Depuis Notre Dame de la Paix 13 km / 700 d+Temps de course 82558La pluie, le vent et le froid se sont invités au ravito. Nous en sommes à 8h25 de courses exactement, il est 6h25 du matin. J’ai plus de 3h d’avance sur la barrière horaire, je suis très de boeuf. Extrait de ne va pas falloir trainer pour ne pas se refroidir, mais je profite une nouvelle fois de la soupe aux vermicelles pour me réchauffer. J’aperçois une belle marmite de Rougail saucisse posée sur la table, mais visiblement c’est pour l’autre course en relai qui se déroule en parallèle. J’en pique une mini assiette et la dévore aussi vite. Mine de rien, j’ai beau être enthousiaste depuis le début de la course, ça fait tout de même 38 km que l’on monte et on a perdu 25 degrés depuis le départ. Et ça fait presque 24h que je n’ai pas dormi, donc malgré les apparences l’organisme est déjà un tout petit peu entamé même s’il reste énormément de chemin à parcourir. Au ravito, j’en vois certains dans un sale état proche de l’hypothermie. Il y en a qui dorment dans les couvertures de survie, d’autres qui grelottent le regard vitreux. Je ne veux pas finir dans le même état. Vite je remplis mes gourdes, je finis ma bouchée et je m’en vais d’ici. Je suis pile à l’heure dans mes portion qui suit est un sentier de 11 km de descente vers Mare à Boue où Patrick et mon père m’attendent. Le terrain est assez technique par endroit, très roulant à d’autres. Il y a beaucoup de roche et de cailloux sur les étroits sentiers, il faut faire attention à ne pas y laisser une cheville, ça va si vite… J’arrive à courir par de temps en temps, mais obligé de ralentir par endroit. Je me fais remonter sur les passages techniques, ça sera mon plus grand drame tout au long de la course. À ma défense le boulevard Magenta, la butte Montmartre et les Buttes Chaumont ne sont pas les meilleurs terrains de jeu qui soient pour préparer les sentiers de la Réunion !Il y a des barbelés sur les bords du sentier, j’ai déjà vu cet endroit dans les de continuons la descente qui s’intensifie et entamons des passages plus techniques avec des marches. C’est assez casse patte car elles sont trop longues pour ne faire qu’un pas, mais trop courtes pour en faire 2. Et surtout elles mesurent entre 30 et 50 cm de haut donc c’est assez traumatisant pour les genoux et les muscles. Le temps est capricieux; un coup il fait très froid, un coup il pleut, un coup il fait trop chaud. J’ai toujours ma seconde peau et ma veste sur moi. Après de longues minutes à virevolter dans un petit sentier accidenté entre les arbres, les pierres et les racines, j’aperçois enfin des humains, et surtout, mon père qui m’ de traversons une grande route, ce qui semble être la route principale environnante. Je fais les quelques mètres restants avec mon père jusqu’au ravitaillement 500 mètres plus mettrai environ 2 heures à faire ces 11 km. La À BOUE — 49 KM 2446 D+Depuis Nez de boeuf 10,3 km / 40 d+Temps de course 104956Voilà 10h50 que nous sommes lancés dans cette Diagonale des fous, et presque 1/3 du parcours. En vérité, pas du tout, j’en suis à peine à 20% en termes de temps passé. Je sais ce qui m’attend, Cilaos, Mafate, les 50 derniers km, la fatigue accumulée. Je reste lucide et ravitaillement j’en profite pour faire le plein d’eau, manger quelques morceaux de poulet, de sucre, de chocolat, d’orange. Je reprends un verre d’eau avec du sel par anticipation des litres de transpiration que je vais perdre dans la chaleur environnante. J’en profite pour changer de chaussettes, les pieds vont super bien jusqu’à maintenant, pourvu que ça dure. Utopie. Je change les piles de ma frontale pour la prochaine nuit, et je dépose la deuxième frontale de secours à mon père. Elle ne me servira à rien finalement, si ce n’est à m’alourdir un peu plus. Ma Black Diamond est résistante et c’est un vrai phare à pleine puissance, mais je dois avouer qu’elle est peu pratique. Son chargeur a 4 piles est trop lourd pour être porté au niveau de la tête, et se trainer une rallonge dans le short ou dans le sac n’est pas idéal. C’est con, maintenant qu’on a passé plusieurs nuit ensemble je commence à m’y attacher… Le soleil commence à se lever et il fait déjà plus chaud, malgré un vent toujours aussi frais. Je discute avec un homme au ravitaillement, il a l’air de bien connaître le coin. Il m’explique qu’il compte bien 5h pour rejoindre Cilaos, à 17 km plus loin. 5 heures ! J’en ai prévu 4 et je pensais être large ! Il me dit que la portion que l’on va attaquer est super compliquée. Outch. Je n’ai pas envie de le croire…Sur le profil et dans les vidéos, il s’agissait pour moi d’un simple chemin de plaine technique avec des montées et descentes par endroit mais qui n’avait pas l’air d’être aussi compliqué. Je sais juste qu’il y a un mur vertical qui nous attend pour descendre à Cilaos au 63ème km et que beaucoup redoutent. On verra bien. Je repars sans plus tarder, il est 9h15, on va entrer dans le vif du à peine reparti que je retire déjà ma veste. Il commence à faire très chaud au dessus des nuages. Je garde ma seconde peau sur moi, les variations de températures vont très vite. Et nous repartons pour une ascension de 10 km. Ça démarre assez doucement, dans un chemin de fait très chaud. L’endroit qui se voulait très sec porte désormais très bien son nom “Mare à boue”. L’ascension est interminable. Je n’étais pas prêt psychologiquement. Plus on avance, et plus ça devient technique et compliqué. J’accroche un local avec lequel je discute pendant quelques kilomètres, il me dit que le plus dur est à venir. Que ça monte régulièrement maintenant mais que l’on va se manger une portion de 5 km sur les crêtes avec des montées et descentes très rudes sur un terrain capricieux. De très gros rochers, des racines. Tout ce que j’ en effet il ne s’est pas trompé. On avance pourtant dans un endroit sublime, sur une crête avec le vide de chaque côté et une vue le terrain devient hyper compliqué aussi bien dans les montées que dans les descentes. Comme ça Extrait de de de sur plusieurs kilomètres; un cauchemar. Et qui dit sentier étroit et technique dit… BOUCHON. Super nouvelle. Je ne peux pas avancer à mon rythme, je ne peux pas doubler et je commence à m’agacer. Pire, je fatigue et vois l’heure tourner et je fais un kilomètre en près de 35 minutes ! Je me pose des questions sur les barrières horaires et la suite de la course, probablement à tort. Sur des parties où les montées et descentes raides se succèdent, on se fatigue mais on n’avance pas beaucoup. Les kilomètres sont interminables et le dénivelé ne bouge presque décide de faire une pause de 2 minutes pour manger une barre de nougat. Un homme s’arrête à ma hauteur, il est sur le GR en relai. Il m’explique qu’il est rincé, qu’il est parti à 6h ce matin et qu’il n’a plus de jambes. Je le souhaite bonne chance. Je repars, ça grimpe sévèrement mais je ne me plains plus. Je passe en mode Blaise Matuidi. Je l’adopterai plusieurs fois dans la course, merci d’exister Blaisou. Nous sommes sur le coteau Kerveguen, il me semble que c’est le plus haut point du parcours. Il fait très très chaud là-haut. Puis comme tout droit sorti d’un Mission Impossible, un hélicoptère surgit de derrière le col que nous montons et se place à une trentaine de mètres de moi. La porte s’ouvre, tu vas passer à la Télé ». Je m’agite et fais des grand signes des 2 bras. Ils s’approchent et viennent se placer au 3 mètres dessus de moi… Merde qu’est-ce qu’ils font ? Je déconnais hein! Je me fais sévèrement chasser par la puissance de l’hélice, la poussière vole j’en prends plein la tête et je me couche au sol par réflexe. J’imagine le pire, le coup de vent, le pilote qui perd le contrôle, l’hélice qui me découpe… L’hélico se décale de quelques mètres. Un homme descend via un câble dans les petits arbres de la crête, comme Kevin Costner dans Coast Guards, et remonte 10 secondes plus tard dans un homme enroulé dans sa couverture de survie. AH PUTAIN C’EST PAS LA TÉLÉ. Merci Sara 112. Cet épisode me rappelle qu’il faut rester concentré et qu’une blessure peut survenir à tout moment. Que même si ça doit être très sympa de faire de l’hélico à la Réunion, je ne suis pas sûr que ma mutuelle couvre les frais. L’hélico s’en va aussi vite qu’il est kilomètre, le moment tant attendu. La fameuse descente vers Cilaos, celle dont tout le monde parle tant, 800 mètres de dénivelé négatif en 2 km. Surtout, la fin de cette montée interminable de 10 km. Place à du bon 40% avec l’équipe type racines, roche, marches de 50 cm et… UN BOUCHON ! Je me dis qu’en bas je vais enfin pouvoir voir mes proches, me changer, me faire masser voire même me doucher. Évidemment ça n’avance pas, car il suffit qu’il y en ait un qui n’arrive pas à descendre à un rythme linéaire et c’est 20 personnes qui subissent. Je ne dis rien, je serai ce mec à 2–3 endroits dans la course. C’est hyper dangereux, c’est super raide, ça glisse, j’en vois quelque uns chuter. 30 min pour faire le 1er km je deviens fou. Je crie un “GAUCHE” et accélère pour doubler une dizaine de personnes, et ainsi de suite sur 3 lacets pour me retrouver seul devant. Je garde le rythme. Il faut que ça se termine. On n’en voit toujours pas le bout, on est encore au dessus des nuages, j’ai beau descendre encore et encore le décor ne bouge pas. Puis tout à coup on aperçoit le sol. Sans déconner ? On est encore si haut que ça ? Au moins 400 mètres… Je prends mon mal en patience, je finis par arriver, je ne sais pas combien de temps ça a pris exactement. Peut être 45 min... Ça a bien tapé les genoux mais au moins je suis en bas. Ravito surprise, celui de Mare à Joseph. Moi qui pensait arriver bientôt à Cilaos, j’apprends qu’il y a encore 4 km… Je repars en courant, j’arrive à faire du 10 km/h sur une partie en béton. Au bout de 2 km, j’aperçois Patrick qui est venu à ma rencontre. Il se met à mon niveau et nous courrons tous les 2. “On arrive ?”, il me répond “non, on a 1 km, puis une ravine à passer”.“MAIS JAMIE, C’EST QUOI UNE RAVINE ?”TCHOU. Sound design de la petite TV qui s’éteint dans “C’est pas sorcier”Une ravine c’est un petit ravin entre 2 montagnes où il y a généralement un cour d’eau qui y passe. Donc si on imagine 2 montagnes l’une à côté de l’autre, c’est l’endroit entre les 2. Passer une ravine, ça veut dire descendre d’un flan de montagne pour remonter en face. Je prends du temps pour l’expliquer parce que ça va devenir fréquent sur les 50 prochains un petit schéma. /\ravine/\Je descends la ravine à pleine jambe et la remonte aussi vite. Mon père nous attend de l’autre remontons et arrivons enfin à Cilaos à 14h20. J’arrive avec 1h20 de retard sur mes prévisons, je n’avais pas anticipé la difficulté des 17 derniers — 66,2 KM 3256 D+Depuis Mare à boue 17 km / 810 d+Temps de course 162113Je retrouve Laura, son père et mes parents à Cilaos, comme prévu. Ça fait du bien de les portent des t-shirt “supporter de Thibault” soigneusement confectionnés par Laura. Je trouve ça super mignon. En revanche j’ai un gros coup de mou, le vrai premier de la course. Ça ne me fait pas peur, il y a une très belle phrase que l’on m’a dite un jour pour passer ces moments difficiles “Dis toi que lorsque tu es au plus bas, ça ne peut qu’aller mieux ensuite”. C’est con mais c’est vrai, ça finit toujours par passer à un moment où un dans le stade de Cilaos, la première base de vie de la course. Il y a tout repas chaud, kinés, osthéos, podologues, médecins, lits de camps, douche. Cilaos c’est un peu le SAS avant d’attaquer l’enfer de Mafate. D’ailleurs sur tous les abandons, j’aimerais bien voir combien laissent le dossard à Cilaos... Oui car quand on entre dans Mafate, il faut en sortir par ses propres moyens sauf en cas d’urgence absolu qui empêcherait de marcher et là c’est l’hélico qui s’en charge. Mafate, ce n’est pas accessible en voiture. Dans ma tête je l’imagine un peu comme le cimetière des éléphants dans le Roi Lion. Donc il faut être bien sûr de soi avant de s’y lancer !Je subis un peu le coup de mou, j’essaie de manger un plat chaud mais il a du mal à bien passer. Je me dis qu’une douche peut faire le plus grand bien… Et qui dit stade dit vestiaire de Foot ! Ahhhhh, la belle époque. Je me revois 10 ans en arrière dans les vestiaires du SOM ou du Villaret. Le sol est inondé de 3 cm d’eau, les douches ne laissent passer qu’un petit simple filet d’eau glacée, chacun taxe le gel douche de l’autre. Je change de chaussettes et de t-shirt. Je remplace ceux qui sont dans le sac par des vêtements secs pour la nuit, je change de pile pour la frontale, remets des barres et compotes énergétiques dans mon sac. Je ne traine pas, j’aimerais passer voir les kinés pour me faire masser les jambes, faire le point sur mon psoas / bassin avec un osthéo, me faire soigner 2 ampoules naissantes derrière les talons. Et si possible dormir 10 commence par le kiné et là c’est grand luxe. Je suis pris en charge par 2 jeunes filles, 1 par tente des kinés. Extrait de troisième arrive c’est une podologue qui enduit mes talons d’une crème préventive. Puis une 4ème ! Osthéo, elle m’annonce une contracture au psoas, que le bassin bouge bien par contre ce qui est bon signe. Je lui dis que je ne sens presque plus la douleur et que ça va aller. En 10 minutes, j’ai amorti le prix du dossard en consultation médicale. Merci à tous ces bénévoles qui sont d’une aide précieuse. Le corps va bien mais je me sens toujours assez faible, je vais essayer de dormir 10 min. Je m’allonge, rien à faire ça ne viendra pas. Je repars. C’est dur mais il faut y aller. Il me semble qu’il est 15h40 quand je repars, ce qui voudrait dire que je suis resté au total 1h15 sur place environ. Ce que j’avais prévu. J’ai toujours entre 2h30 et 3h d’avance sur la barrière. Je dis au revoir à mes proches, mon père m’accompagne sur quelques centaines de mètres et me laisse filer dans les sentiers. J’en profite pour brancher ma montre pour qu’elle se recharge sur cette partie. Pendant la course, ma batterie externe me permettra de la charger 3 fois pour ne pas qu’elle s’éteigne en pleine activité et de charger 3 fois mon nouvelle fois, j’ai fait une erreur d’appréciation du parcours. Je pensais que les 6,8 km qui séparaient Cilaos du Début du Sentier du Taïbit étaient relativement simples et finalement on se prend près de 600 d+/d- avec des montées et descentes successives. On descend jusqu’en bas d’une ravine pour arriver à la Casacade Bras rouge et on enchaîne des montées descentes avant d’arriver au ravitaillement du départ du Taïbit. Bon finalement avec le recul je me dis que c’est toujours ça de SENTIER DU TAÏBIT — 73 KM 3763 D+Depuis Cilaos 6,8 km / 507 d+Temps de course 192622Qui dit début du sentier du Taïbit, dit Taïbit. La 2ème plus grosse ascension de cette Diagonale des fous. Un mur de 4,5 km avec plus de 800 dénivelé positif, et une descente de 1,5 km et 400 de dénivelé négatif pour arriver à remplis mes gourdes au ravitaillement, je mange quelques quartiers d’orange. Les pieds sont un peu douloureux, j’en profite pour remettre de la NOK et prendre un doliprane. Je suis prêt à en découdre. Bizarrement ce col ne me fait pas peur, il est raide mais ça fait des semaines que j’ai hâte de voir ce que c’est pour de vrai. J’attaque sur un gros rythme et double du monde. Si il y a bien un truc dont je suis fier c’est qu’on ne me double jamais en montée. Non pas que je sois un monstre, mais à mon niveau, je dois être un poil plus à l’aise que les autres. Ce qui veut dire que si je progresse en descente je pourrai gagner du temps !Je continue de monter à un rythme régulier. Au bout de 2 km d’ascension, je croise la fameuse cabane en plein milieu des bois avec son fameux propriétaire qui nous attend sur le bord de la route de l’ai vu dans toutes les vidéos que j’ai regardées, il fait partie de la légende de cette diagonale . Il a concocté sa fameuse “tisane ascenseur”. Je m’en passerai… Certainement à tort. Peut être que j’aurais dû profiter de ce moment, m’arrêter. Je me suis contenté de lui taper dans la main et j’ai continué sur ma lancée pour ne pas casser mon bon rythme. Le soleil se couche très vite, c’est le début de la deuxième nuit. J’enfile la veste et allume la frontale, nous sommes très haut maintenant. Le Taïbit, c’est des marches à n’en plus finir. Nous sommes en plein dans un nuage, l’endroit est très brumeux. Je me sens en pleine forme. Le coup de mou de Cilaos est loin derrière. Je monte… 5, marche après marche, 4… Tout va bien, 3.. Très bien… 2, allez encore une personne doublée, 1… CLAC. Ma course sommes au kilomètres 78 environ, ce n’est pas encore la moitié. Mon tendon de la patte d’oie au genou gauche s’est réveillée comme un vieux volcan réunionnais. Comme ça, sans prévenir. Pour décrire la douleur que je ressens à chaque pas, c’est exactement la même sensation que lorsque vous mettez une touillette à café entre vos dents et la faites vibrer avec votre doigt. La touillette incarnant mon tendon dans cette métaphore. J’espère que ça va passer. J’en appelle à ma tête. “J’ai vu Kylian Jornet se blesser au genou à Cilaos et finir la course. Il est capable de faire abstraction de la douleur des blessures, fais pas ta chochotte.” J’essaie d’appliquer une méthode qui consiste à visualiser la douleur dans son corps, la matérialiser, la décoller et la poser quelque part. Ça marche ! CLAC. Ah non… Bon, avance et fais suis un peu déçu d’être ici de nuit, apparement le paysage est magnifique vu d’en haut. Tant pis, je serai plus rapide l’année prochaine poke Laura ! Je reconnais la petite chapelle sur ma gauche pendant l’ascension ce qui annonce la fin de la montée. J’ai mis environ 1h30 à grimper ! À mon niveau, je l’ai mangé en une bouchée. Lui qui inflige du mal à tant de coureur je ne lui ai pas laissé une seule chance. Il aura simplement pris mon tendon dans la bataille mais hey, Luke a perdu un bras avant de faire chuter l’empire. C’est le place à la descente. Clac, droite, clac, droite, clac, droite. Ok ça devient systématique, 1 par sur 2 dès que je mets de l’amplitude. J’ai la solution ! Ma genouillère… Et merde. Première erreur. Elle se trouve à des dizaines de km d’ici et personne ne peut accéder où je suis. J’avais hésité, mais je ne l’ai pas prise. Le seul endroit où je pourrai la récupérer c’est à 36 km de là, au sommet du Maïdo, la plus grosse ascension de la course. Celle obligatoire pour sortir de Mafate. Outch il va falloir être descente pour rejoindre Marla est raide, difficile, technique. Mais je ne sais pas pourquoi dans la nuit ça passe un peu mieux, peut être parce que je ne vois pas où je vais… Je suis tellement focalisé sur mon genou que j’en oublie le reste. J’aperçois les lumières de Marla en contrebas. La descente se termine, il y a quelques centaines de mètres de plat, j’en profite pour courir. Bienvenue dans Mafate pour 35 km d’enfer. J’aurai la chance et la malchance de traverser ce cirque de nuit. Certes je ne vais pas voir ce qui m’attend et ça m’aidera beaucoup psychologiquement, mais je vais rater de supers — 79,1 KM 4572 D+Depuis Début de sentier Taïbit 6,1 km / 809 d+Temps de course 221351Il est 20h13, j’ai l’impression qu’il est minuit. Je commence à être déphasé. En même temps ça fait presque 24h que l’on est parti, je n’ai pas dormi depuis 36h et j’ai 80 bornes et 4500 d+ dans les jambes. Je m’arrête quelques minutes à Marla le temps de remplir les gourdes, manger un morceau. Je me suis assis quelques minutes, suffisament pour avoir un coup de barre. Je me tate à dormir ici… Ah je ne suis pas le seul ! Par terre en plein milieu du ravito il y a un trentaine de raideurs enroulés dans leurs couvertures de survie, on dirait un bac de bonbons papillotes argentés, ceux que l’on trouve à Noël ! Je demande à un bénévole si il y a des lits de camps pour dormir dans les prochains ravito, il me dit que non, qu’il faut aller jusqu’au 98ème pour ça. Environ 7–8h plus loin donc. Il commence à pleuvoir, super. Je ne réfléchis pas et décide de repartir. Je veux faire un maximum de chemin dans la nuit. Je me lève de ma chaise, AÏE, mon tendon a refroidi lui aussi et c’est super douloureux. Je suis coureur me montre la tente des infirmiers, je vais les voir.“Coucou ! J’ai une petite douleur à la patte d’oie”. Ils me répondent - Ah bah on va te chercher la kiné”. Elle arrive. - Salut ! Qu’est-ce qui t’arrives ? - J’ai mal au tendon de la patte d’oie, une tendinite que je traine depuis 5 mois que je croyais soignée, mais non. Quand je marche il claque et là il a refroidi. Elle palpe le tendon. - Ah oui en effet c’est inflammé- En effet… Tu peux faire un truc ? - Non. Le mieux c’est que tu évites de marcher en rotation BAH MERCI ! On est probablement sur la course avec le terrain le plus accidenté du monde mais “fais attention à ta façon de courir et marcher”. Je vais réapprendre à marcher droit dans Mafate c’est parti. Je m’imagine à Paris, payer la consultation 70€…J’éclate de rire et lui demande si elle a été téléportée ici où si elle a pu voir à quoi ressemblent les sentiers ici ? Elle me répond - Je sais c’est compliqué… Je peux te poser un bout de strap à l’insertion pour éviter qu’il claque mais je te garantie pas que ça va marcher. C’est de la médecine de comptoir. Tu peux mettre du baume du tigre si tu veux cool j’en ai dans mon sac, mais là on va pas faire de miracle. Tu es au stade 1 de la tendinite, ça peut le faire jusqu’au bout. Mais dis toi que ça ne pourra pas aller en s’améliorant. Elle s’exécute et me laisser Merci à toi, bonne repars du ravito illico, un peu blasé par l’aide apportée. Finalement au bout de 2 km, j’arracherai le strap qui me faisait encore plus mal.“Allo papa ? tu peux m’amener la genouillère demain matin stp?”… À ce même moment, j’apprends l’arrivée des 2 premiers François D’Haène et Benoit Girondel, main dans la main en battant le record de l’épreuve 23 heures 18 minutes et 48 secondes. C’est hallucinant. Ce sont des monstres. Comment font ils pour avancer aussi vite dans ces endroits ? On ne peut s’en rendre qu’en étant soi-même sur cette épreuve. Et moi je viens de passer la moitié. J’avance comme un zombie. On traverse une rivière de galets, puis ça monte sec pendant quelques minutes sur des escaliers bien raides. Je me souviens parler avec le mec devant moi, mais je ne sais plus de quoi on a parlé. J’ai réalisé à un moment qu’il était plus lent que moi et que je m’étais conforté dans son rythme. Je le double et rattrape un petit groupe devant. Nous sommes dans les Plaines des Tamarins il me semble, je reconnais le terrain relativement plat et la végétation. On marche sur un terrain accidenté, des racines, beaucoup de racines dans mes souvenirs. J’ai retrouvé des jambes et j’ai envie de passer le moins de temps possible ici. On dirait le Sud… dans les oreilles. Tiens marrant, on dirait pas la sud ici. Je rattrape encore un groupe que je double, et aperçois en face une belle montagne avec des lumières de frontale tout en haut. Ahhhhh, il va falloir monter !Une fille arrive à ma hauteur, ou peut être que c’est moi qui suis arrivé à la sienne. C’est flou. Je ne sais pas à quoi elle ressemble. La nuit tout n’est que formes, frontale et voix. On se parle pendant quelques kilomètres. Nous discutons. Elle m’explique la suite du parcours et comprend rapidement que je ne suis pas d’ici et que je n’ai aucune idée de ce qui nous attend. - … Là on va monter le col des boeufs, et après on va enchainer avec Sentier Scout pas longtemps après. - Super nouvelle ça ! - T’es pas d’ici toi… Tu viens d’où ? - Paris, j’ai atterri ici il y a 2 jours. - Et tu es déjà venu avant ? - Non. - Donc tu n’as jamais marché sur les sentiers de la Réunion ? - Ah bah si ! Ça fait 24h déjà … - Mais ça va ? - Nickel. J’ai un peu mal au genou, mais c’est super sympa chez T’es fou ? - Non je trouve ça cool comme challenge. C’est mon premier Grand lui explique que ma strat’ pour le grand raid, c’était surtout d’étudier le profil de la course km par km avec le dénivelé, sans trop me soucier du terrain. Elle a un super rythme aussi, on double beaucoup de personnes dans la montée du col des boeufs. Je lui demande quelle partie elle redoute le plus, elle m’explique que c’est la triple ascension pour sortir de Mafate, avec le Maïdo pour finir. Hein ? Triple ? Tu en haut du cul après une belle ascension elle m’explique que l’on a quitté Mafate pour quelques kilomètres et que l’on est dans le cirque de Salazie ! Pour pas longtemps, mais au moins on y sera passé. Il y a une descente de quelques centaines de mètres avant d’arriver au prochain ravito, je me rends compte qu’en plus du genou j’ai très très mal aux pieds… Bizarre. Il faut encore que je change de chaussettes ? J’ai l’impression d’avoir mis de la crème il n’y a pas si longtemps. Elle file devant, je suis ralenti dans la descente. Je la rattraperai dans la montée du au ravitaillement de la Plaine des merles. Pas de chrono ici. Le pointage se trouve à 3 km d’ici au fameux sentier scout. Énorme coup de barre. Si mes souvenirs sont bons il est 23h15 à ce moment là. Ça fait donc plus de 25h que je suis en course et j’ai passé la moitié ! Youpi. Je demande à un bénévole s’il est possible de s’allonger sur les lits de camps dans la tente, il m’explique que les lits sont pour les blessés. Ambiance seconde guerre mondiale à Plaine de merles. Bon je comprendrai que c’est le cas sur tous les ravitaillements et c’est bien normal dans la plupart des cas. Il me dit “T’es cassé là, va t’allonger juste devant la tente je viendrais te réveiller dans 15 min.”Avant ça, j’en profite pour me remettre de la crème sur les pieds mais ça ne me soulage pas. Tiens donc. Je sors la couverture de survie de mon sac et réussi ma première micro sieste de 15 minutes à même le sol en plein milieu des arbres à côté d’autres coureur. Il doit y avoir des araignées de l’espace ici... 23h30, je me réveille naturellement. C’est dingue comme le cerveau est programmable. En me réveillant, j’aperçois le bénévole à l’autre bout du ravitaillement. Je pense qu’il m’avait complètement oublié. Heureusement que je me suis réveillé tout seul ... J’avais mis 5 réveils et le portable collé à l’oreille de toute façon, pas folle la seul problème c’est que je suis littéralement frigorifié. Tout a refroidi, les muscles, les pieds, la tendinite. Il fait très froid et humide dans Mafate. Mon corps m’envoie des signaux et semble me dire “euh… tu te foutrais pas un peu de ma gueule là ? Allez c’est bon je me casse, démerde toi. Non non je ne te réchauffe pas démerde toi enfoiré. Ah tu as mal ? TIENS ! AIE”. J’essaie de me réchauffer, je vais boire un thé au ravitaillement mais il faut que je reparte très vite. Chaque pas est atrocement douloureux. Je n’arriverais même pas à décrire cette douleur. Les pieds brûlent à chaque frottement avec la chaussure, les chevilles ont été mis à rude épreuves et, à froid, envoient une douleur similaire à celle que l’on pourrait avoir quand on marche avec une entorse. La tendinite a refroidi et est à vif. Seuls mes muscles semblent bien tenir la baraque. J’enroule ma couverture autour de moi et j’avance tel un blessé de guerre… Que c’est compliqué de repartir. Je suis dans le gaz complet. J’avance comme je peux et arrive à Sentier Scout, 45 min plus SCOUT — 89 KM 5167 D+Depuis Marla 9,9 km / 595 d+Temps de course 264035Bon j’ai du mal à croire que j’ai mis 4h pour faire cette partie de 10 km. Qu’est-ce que j’ai foutu putain ? M’arrêter m’a fait perdre du temps.“Combien de kilomètres monsieur ?” - J’ai 94 à la montre, c’est fou ça quand km de différence avec le parcours officiel, je veux bien avoir trainé des jambes sur 1 ou 2 ravito, ce qui aurait pu gratter 1 km, mais quand même … il faut que je prenne cette donnée en compte maintenant. J’ai pu me réchauffer heureusement. J’ai beaucoup pensé à l’histoire de Mathieu Dossard 263 que j’ai rencontré avant le départ, et son abandon pour cause d’hypothermie. Je me rends compte que j’ai fait exactement la même erreur, presque au même endroit et que ça aurait pu me coûter la course. Malgré cela, dormir 15 minutes m’a fait du bien, je sens que ça m’a reposé l’esprit. J’ai gardé ma couverture de survie en la coinçant entre mon sac et ma hanche au cas où j’en aurais encore besoin dans la Scout, je l’imaginais comme un petit sentier bien sympa qui descend pendant 10 km, sans difficulté majeur. Bon il n’est pas bien compliqué au final, mais il n’est pas non plus très roulant. Mes écouteurs me lâchent… Oh non. Je vais passer la nuit sans… Tant pis, dont je me souviens surtout, c’est que nous sommes dans le noir le plus complet, que je suis éclairé par ma frontale et que j’avance dans des endroits avec le vide à 50 cm de moi. Ça doit être magnifique de jour… Je reconnais une crête que j’ai vu dans les vidéos de zinzin Denis Clair que je traverse de nuit. De chaque côté il y a environ 400 mètres de vide. Dans le noir on imagine la grandeur du paysage et on se sent ce moment précis je me suis arrêté une nouvelle fois pour éteindre ma frontale. Je suis au beau milieu de nulle part en pleine, sur une île perdue dans l’océan Indien. Sur cette crête, de part et d’autre le vide, il n’y a ni bruit, ni lumière, ni pollution, loin de Paris. Rien. Je vous laisse imaginer à quoi peut ressembler le ciel dans ces conditions. Par la suite, je me rappelle avoir traversé de nombreuses ravines maintenant que vous savez ce que c’est, des descentes raides puis des montées sur le versan d’en face avec des marches à n’en plus finir. C’est assez casse patte mais j’avais anticipé ces moments. Les sentiers se font de plus en plus étroits dans les montées, à tel point qu’il y a parfois des cordes sur les côtés pour se tenir et éviter tout risque de chute. J’évite de trop faire le malin pour ne pas tomber dans le ça de nuit. Extrait de souffre de plus en plus. Autant les douleurs au psoas et au bassin ont totalement disparu, autant la douleur de la tendinite s’intensifie petit à petit. Pareil pour celle de mes pieds… Ça devient insupportable. Chaque pas que je fais fait frotter mes orteils contre ma semelle et produit une douleur horrible. Comme si on vous frottait du papier ponce contre la peau pendant des heures et des heures. C’est indescriptible. Et comme vous pouvez le voir sur le profil de course, dans Mafate on descend pendant des kilomètres pour arriver au fin fond. Et il faut voir à quoi ressemblent ces descentes… Des lacets, des marches de roche de 50 cm, des racines à perte de vue. En passant je vois énormément de coureurs qui sont arrêtés sur le bord, enroulés dans leur couverture de souffre le martyr, obligé de m’arrêter encore dans la descente pour remettre de la crème NOK sur mes pieds, dont je commence à manquer. L’endroit est très beau, Je m’assois sur ma couverture de survie et en profite pour manger une barre. Tout est silencieux autour. Nous sommes sur un chemin en terre bordé par des arbres que je reconnais malgré la de ne doit pas être très loin du prochain ravitaillement “Ilet à Bourse” au km enlevant ma chaussure, je constate que la situation est plus grave que prévue. Mes pieds font une réaction à la matière de mes semelles orthopédiques… Ils ont gonflé avec le frottement ce qui explique la douleur que je ressens et les ampoules qui se forment sur les bords mon pieds. Deuxième grosse erreur. J’ai oublié les semelles d’origine à Paris. J’avais prévu de les prendre mais en préparant ma valise elles sont restées dans la boite. Je me suis rendu compte au moment où je préparais mon sac le matin du départ… Le frottement en dessous de mes orteils est insupportable, mais ce sont les 2 gros qui sont les plus douloureux. J’attrape 2 compeed dans mon sac que j’enroule autour, peut-être que ça atténuera les frottements... Je rêve de plonger mes 2 pieds dans une bassine d’eau glacée… Cette image parait si lointaine mais c’est ce dont j’ai besoin là maintenant. Au moins quelques minutes, juste pour qu’ils repars, en boitant. Ça descend encore et toujours. Arrivé en bas nous traversons un petit pont qui bouge énormément au dessus de la rivière, et nous remontons aussi sec !Toujours de nuit. Extrait de crois que nous enchaînons encore 2–3 ravines avant de grimper une ultime fois. Le ravitaillement n’est plus très me rends compte que j’ai mes premières hallucinations. Je n’ai pas vu de bateau géant, ni d’éléphant rose comme certains. Juste un phénomène étrange qui transforme toutes les tâches présentes sur les troncs d’arbres et les roches que je croise en visages / petits dessins / bonhommes. Je suis fasciné par la vitesse à laquelle mon cerveau perçoit et crée simultanément dans cet état. J’imagine que c’est la fatigue visuelle qui provoque ça mais je trouve que c’est hyper pratique pour la créativité. Bon si ça se trouve ce sont vraiment des petits dessins qui sont dessinés mais je doute qu’au find fond de Mafate, des randonneurs se soient amusés à pimper tous les cailloux. J’arrive très vite au ravitaillement d’Ilet à Bourse, au km À BOURSE — 97 KM 5447 D+Depuis Sentier Scout 7,8 km / 280 d+Temps de course 292841“Bonsoir, il y a des infirmiers ?” - Non prochain ravito, au 100ème, à 45 minutes d’ici. - Et merde, merci !J’ai 1h45 d’avance sur la barrière horaire. Je remplis une seule gourde, mange un quartier d’orange et file dans la foulée. Je ne peux plus supporter la douleur qui me prend les nerfs, je subis réellement la situation. Je n’ai qu’une hâte, que l’on me soigne et que l’on me trouve une solution pour y remédier. Ma course est complètement remise en question si je dois encore subir 30h dans cet état. La portion qui suit est du chemin de forêt, ça monte pendant 1 km histoire de se manger une petite ravine ensuite. Et évidemment ça descend sur un single pendant 2 km pour arriver presque tout en bas de Mafate. Je dis bien presque… La particularité de cette portion est qu’il doit y avoir une rivière pas très loin, je me souviens entendre un bruit sourd dans la nuit, le croassement des crapauds. Ils sont bien énervés les crapauds PLACE — 100 KM 5573 D+Depuis Ilet à Bourse 3,2 km / 126d+Temps de course 302912100 BORNES. Et oui, j’ai mis 1 heure pour faire les 3 km. Descente = combo frottement sous les pieds + appui sur le tendon douloureux. Ai-je encore précisé que je n’avance plus en descente ?Il est 4h30 du matin de la deuxième nuit, j’arrive à Grand Place, point clé de la course. Je file tout de suite au “poste de secours” où je tombe sur deux jeunes infirmières que j’appellerai TIC & TAC pour les besoins de l’histoire.“Bonsoir Tic & Tac, j’ai besoin de me faire soigner”Tic Bonsoir, assieds toi. Que se passe-t-il ? Moi Je souffre terriblement d’échauffements sous les pieds et sous les orteils, je ne supporte plus la matière de mes semelles”. Tac Ah, nous on n’est pas podologue désolé on ne peut rien Je sais, mais pouvez-vous essayer de faire quelque chose pour les semelles svp ? Mettre de la crème dessus, du sparadrap, de l’élasto, de la glace, n’importe quoi. Regardez l’état des mes pieds…Tic Non désolé on est pas habilité pour ça. Moi Habilité pour quoi ? Tac Pour mettre du sparadrap sur une semelle. Il faut que tu voies à Sans Souci au 125ème km, il y aura des podologues. Moi Il faut être habilité pour ça ? Sérieusement les podologues sont à 25 km, avec 2000 de dénivelé positif et négatif. C’est la partie la plus difficile de la course… Vous ne pouvez…Bon filez moi des ciseaux svp, je vais le m’exécute. Je coupe un bout d’élasto que trouve dans mon sac et le colle au niveau des orteils. Je mets de la crème par dessus. Je veux bien que ce soit du bénévolat, mais il y a certains bénévoles semblent découvrir ce qu’est le Grand Raid. Heureusement ce n’est qu’une infime minorité. Tout ceux que j’ai croisés à Cilaos, Sans Souci ou à certains ravito étaient au top, prêt à se démener pour toi pour remplir tes gourdes, te soigner etc. Mais d’autres franchement … Dans la minute qui suit, un homme arrive exténué. Il demande à s’allonger 10 minutes sur les lits de camps car il n’en peut plus. Il y en a une dizaine de dispo. Elles refusent, les lits sont pour les blessés. C’est limite je trouve. Le mec est à bout de force, personne n’utilise les lits. Si 10 blessés arrivent il s’en ira, mais de là à refuser catégoriquement…En bouclant mon sac, et pour conclure ce malencontreux épisode, Tic s’adresse à Tac Tu peux aller me chercher un snickers stp ? J’en peux plus là. NoisetteAddictJe vais m’alimenter au ravito et repars pour 13 kilomètres très, très compliqués. On va se prendre successivement 200 d+ sur 1,5 km400 d- sur 1,5 km 150 d+ sur 1 km 150 d- sur 1 km 650 d+sur 3 km1000 d+ sur 5 kmJe fais le malin avec mes beaux chiffres là mais je n’en avais aucune idée pendant la course. Tout ce que je savais, c’est qu’il fallait aller en haut du Maïdo à 112–113 km et qu’il y avait une ascension de dingue à ce moment là. Bon visiblement ça part de plus loin que prévu et surtout, il y a des descentes dans les ascensions. A bientôt Tic & Tac !J’attaque le premier morceau. Au loin sur le versan opposé j’aperçois les frontales des coureurs qui arrivent au col du Maïdo… C’est si loin et si haut ! Je continue mon ascension sans perdre espoir, ça monte très très sec mais j’avance bien pendant que le soleil pointe le bout de son nez. Il fait jour lorsque j’arrive en haut de la première montée. FIN DE LA DEUXIÈME NUIT !On doit monter tout en haut en face. Extrait de peine arrivé en haut, il faut redescendre tout en bas. Comme d’hab… Voilà toute la spécificité de cette course, pour monter en haut d’un col il faut d’abord monter, puis descendre, puis monter plus haut, puis redescendre plus bas et finalement monter. Gros, gros coup dur. On se lance dans un mur verticale de 400 mètres de dénivelé en un peu plus d’1 km. C’est la descente la plus dangereuse de la descend jusqu’en basJe suis lent… Je ralenti des gens et ça m’agace mais je souffre terriblement. Les passages dans lesquels on passe sont complètement dingues. On a même le droit de descendre un ruisseau quasiment vertical, ça glisse et c’est super dangereux. J’arrive en bas sur les rotules. J’ai un coup de fatigue énorme et je perds en lucidité. Nous sommes au bord de la rivière de galets à Roche Ancrée, au point le plus bas de Mafate. Maintenant l’objectif c’est d’arriver au point le plus haut et d’en est tout en bas. Extrait de ce sera le moment le plus dur de ma course. La fatigue mentale prend le dessus et je suis au bord du craquage. Nous sommes entourés de montagnes immense, des murs extrêmement raides. C’est hyper oppressant et pour en sortir, nul autre choix que de monter. Je regarde mon téléphone il doit être 6h30 du matin je crois. Dans un élan de lucidité, je décide de m’allonger sur une bâche au bord de cette rivière et demande au bénévole de me réveiller. 10 minutes plus tard je me réveille encore naturellement, en profite pour me remettre de la crème sur les pieds, manger une barre et reprendre un doliprane. La sieste m’a fait le plus grand bien et je repars à m’apprête à attaquer les 5 km et 800 d+ pour monter à Roche Plate. On m’annonce 2 heures d’ascension environ, je pense mettre moins. Au Taïbit c’est presque le temps que j’ai mis pour monter et redescendre à Marla. Je pars très vite, je double beaucoup de personnes je lance des “allez courage” à tous ceux que je croise, mais au bout d’1 km, ça redescend aussi sec. Il commence à pleuvoir. Je deviens fou… Nous redescendons presque aussi bas à une nouvelle ça remonte aussi sec. Si mes souvenirs sont bons, il reste une seule ravine à descendre dans l’ascension puis que de la montée jusqu’à roche de croisons des personnes qui descendent. Je mettrai un peu moins de 2 heures pour arriver au ravitaillement de Roche Plate. Comme quoi les ascensions avec des descentes cachées ce n’est pas mon truc …ÉCOLE ROCHE PLATE — 108,5 KM 6519 D+Depuis Grand Place 8,5 km / 946 d+Temps de course 345026108–109 km au compteur environ, presque 35h de course. Il est 8h50 du matin. Il fait très beau et commence à faire est peu commun. Nous sommes en plein milieu de Mafate coincés dans la montagne, dans une école. Il n’y a aucune route à proximité, simplement des montagnes et des cassures à perte de vue. C’est incroyable. Les gens qui vivent ici doivent tellement avoir une vie différente de la notre…Extrait de me pose quelques minutes, en profite pour bien faire le plein de sucre et de sel. J’ai des larmes qui coulent et je ne me rends à peine compte. Je relis la causerie d’avant match de Nicolas sur mon téléphone. Je sais ce qui m’attends, le Maïdo, un mur vertical qui se dresse tout droit devant nous. Je ne rigole pas, c’est vertical vu d’en Maïdo. Extrait de Djodei wall de Games of Thrones c’est rien à côté …Je perds du temps au ravito, encore obligé d’enlever les chaussures pour mettre de la crème, remettre du baume du tigre sur le tendon. Je rêve de régler ce problème de semelle, mais rien n’y fera. Jusqu’au bout du bout, je devrai les je repars de Roche Plate. Je retire ma veste, il fait trop chaud. On doit monter 2 km pour arriver à “La Brèche” et ensuite ce sera 4 km verticaux. Je recharge une nouvelle fois ma du mal sur les 2 km, j’ai probablement mangé trop vite au ravito. Du classique, des marches en pierre, des racines à escalader. Rien de très étonnant. Arrivé à la brèche le bénévole me dit qu’il faut 2h pour atteindre le sommet. Je lui dis que je mettrai moins. Pari tenu !Vu depuis la brèche, La rivière où nous étions quelques km plus parti pour LA grosse ascension de cette diagonale des fous, celle que je redoutais depuis des semaines. Celle dont tout le monde parle. Contrairement au Taïbit qui est essentiellement composé de marches, le Maïdo c’est le bor-del. Allez Thibault c’est ton moment. J’active le mode Blaise Matuidi et je pars en très raid, très très accidenté. On escalade des blocs de pierre, on ne fait jamais le même pas, ça glisse, ça roule. Il n’y a rien qui va dans cette ascension !Extrait de que c’est bon d’avoir retrouvé les jambes et la tête. Il se met à pleuvoir et il fait en même temps une chaleur toute la première partie 2 km, j’accroche des petits groupes pendant quelques lacets, on s’encourage et je passe devant. C’est vrai l’ascension est très longue et épuisante psychologiquement. Ça me rappelle la descente de l’enfer pour aller à Cilaos mais dans l’autre sens. On monte, on monte mais on n’a l’impression que la crête est toujours aussi éloignée. Il faut imaginer monter 4 km et où chaque pas tire sur les cuisses et est compliqué à fais la seconde moitié de l’ascension avec un local, sans dossard, qui accompagne un de ses amis. Il a de l’esprit, on rigole beaucoup. Nous finissons l’ascension tous les 2 à un bon mur vu d’en hautMaman inquiète pour son fils !Je mets environ 1h20 à atteindre le sommet depuis la brèche ce qui est vraiment correct, à mon niveau encore une fois. Il est 11h30. Tel le dragon aux yeux bleux, je viens de fracasser le Maïdo. Comme pour son petit frère le Taïbit, je ne lui ai laissé aucune haut mes parents m’attendent avec Patrick & Laura. Passer le sommet du Maïdo c’est un grand moment. Il y a vraiment du monde là haut et très grosse ambiance dès que l’on arrive au sommet. On nous encourage “BRAVO THIBAULT” ça redonne des forces et le sourire pour la suite ! Apparement j’ai une très bonne tête, ça les m’assois sur un coin d’herbe avec ma super équipe d’assistance changement de t-shirt, recharge du sac en barres, retrait des chaussures, bombe de froid, nouveau tube de crème, nouveaux écouteurs. Ma mère me tend même un Kinder Bueno ! Ça fait si longtemps que je n’en ai pas mangé… Je le surtout je récupère enfin ma genouillère que j’attends depuis 16 heures. En l’enfilant, je me rend compte que c’est déjà trop tard. Le tendon est trop inflammé et trop gonflé pour que je puisse la supporter. Tant pis, il faudra faire sans… J’ai quand même parcouru 1 km avec et eu le temps de me faire flasher par les photographes !On m’annonce que le pointage et ravitaillement de Maïdo se situe à 2 km du sommet sur la crête. Je quitte ma super assistance et repars avec mon père qui me propose de m’accompagner sur la prochaine TÊTE DURE — 115,5 KM 7598 D+Depuis Roche Plate 7 km / 1079 d+Temps de course 383126Maïdo Tête Dure, 12h30. J’ai traîné là haut avant d’arriver au pointage et au ravito. Je ne reste que quelques minutes, je me tâte à me faire strapper le genou mais je préfère attendre les kinés de Sans Souci. Au programme, une descente de 14 km avec 1600 de dénivelé négatif, rien que ça. Avec l’état de mes pieds et de mes genoux je suis très quelques kilomètres, nous marchons sur la crête du Maïdo en alternant petites montées et descentes sur terrain accidenté. Mon père comprend que ce n’est pas une petite ballade la diagonale !Surtout, je ne vois pas le dénivelé négatif évoluer. Je trouve ça étrange. Finalement ce sont les 10 derniers km qui vont être difficiles… Plus je marche et plus je souffre. C’est au tour de mon genou droit, l’autre en l’occurence, de devenir douloureux. La bandelette ilio-tibiale commence à siffler sévèrement à force de descendre. Mes pieds brûlent, ma tendinite s’intensifie. C’est la m**de, je suis en train de perdre l’intégralité de mon moyen de transport. Et ça descend, des marches, des chemins. C’est interminable. La pluie s’invite, évidemment. J’ai besoin de me faire soigner les pieds et les genoux, ça mettons plus de 4h pour atteindre Sans Souci. Interminable. Je me suis fait doubler toute la descente, ça me rend fou. J’avais doublé tant de monde depuis Roche Plate. Cette descente que je pensais être un moment de répit dans lequel je pourrais courir et envoyer s’est avérée être un cauchemar. Pas difficile en soi, pas technique mais mon état physique l’a rendue compliquée à gérer. Dans la descente, nous croisons des gens à qui je demande systématiquement “combien de temps Sans Souci”. Et d’une personne à l’autre on se retrouve avec “20 minutes”, “1 heure”, “40 minutes”. Si vous voulez un conseil, ne demandez pas, jamais. J’ai fait l’erreur jusqu’à l’arrivée et on se fait du mal SOUCI — 128,6 KM 7665 D+Depuis Maïdo tête dure 13,1 km / 67 d+ / 1600 d-Temps de course 42462416h30, nous arrivons à Sans Souci où je retrouve mes parents Patrick & Laura. Ça fait 128,6 km et nous avons enfin quitté la montagne… Sans Souci c’est la deuxième base de vie. Et qui dit base de vie dit attirail complet de soigneurs médecins etc. Je file m’inscrire sur la longue liste d’attente pour le podologue et le kiné et en profite pour aller manger un repas chaud. Du rougail saucisse avec du riz et des reste encore 40 kilomètres avec 2000 d+ / d-. Sur le papier ça va, le plus gros est fait, mais après 42h de course, 128 bornes et quasiment 8000 mètres de dénivelé, ça tire un peu. Surtout, je vais devoir faire une 3ème nuit blanche consécutive. Mais je ne suis pas du tout abattu au contraire, j’ai cette première impression que plus rien ne m’empêchera d’aller au bout. Peut-être parce que j’ai un peu négligé la préparation de cette partie et que je n’en connais pas bien le détail. En même temps on a quitté la montagne et on ne peut s’empêcher de penser que le plus dur est fait !J’avale mon repas en 5 minutes, je n’ai pas du tout envie de rater mon tour au podologue. Je vais attendre sous la tente, il y a énormément de monde. Une personne gère le flux mais elle passe beaucoup de temps à appeler des numéros de dossards qui de toute évidence ne sont plus là. On nous demande de plonger nos pieds dans une bassine d’eau pour les laver. WOOOOOOOAW. Ça fait du bien. J’attends presque 45 minutes avant d’être pris en charge par 2 podologues, une par pied. Et la suite n’est pas jolie jolie… Elles sortent des seringues et commencent à percer les ampoules une par une en injectant du désinfectant dedans. Ça pique mais c’est pour la bonne cause ! Elles trouvent même une ampoule sous un ongle, belle perf Thibault. Je vous épargne la photo maintenant mais vous l’aurez à l’arrivée ne vous inquiétez leur explique mon problème de semelles et d’échauffement sous les pieds mais elles m’expliquent qu’à part enduire le pied et la chaussette de crème, elles ne pourront rien faire de plus. Je leur montre fièrement ma semelle que j’ai moi même strappé, cela les fait beaucoup rire. Elles trouvent cela ingénieux bien que pas forcément très judicieux pour le frottement que cela peut provoquer. Franchement ça m’a plutôt rendu service. Elles arrachent les bandages de la CELLOPHANE PUTAIN. En écrivant ces lignes quelques jours plus tard, je me demande si recouvrir ma semelle de cellophane n’aurait pas été LA solution. Je fois toutes les ampoules traitées, elles appliquent un bandage pour éviter que cela s’infecte et appliquent la stratégie de lubrification maximale du pied et de la chaussette avant de remettre ma chaussure. Aïe, ça pique sévère. J’enchaîne avec les kinés, je demande 2 strappings, 1 au genou gauche pour limiter la rotation externe et préserver la tendinite au maximum, 1 au genou droit pour le tenseur fascia 2 bénévoles s’y mettent et utilisent tout un rouleau d’Elastoplast. Au moins ça ne va pas bouger. Je trouve ça génial, que ce soit pour les podologues où les kinés, les binômes-bénévoles sont composés d’un jeune expérimenté et d’une étudiante. Donc nous sommes de parfaits cobayes pour qu’ils puissent s’exercer, tout le monde y gagne. Je passerai presque 30 minutes sur les tables. En ressortant du ravitaillement, j’essaie de faire une sieste à même le sol sur les graviers la tête posée sur le c’est la récré à Sans Souci. Il fait jour, il y a de la musique, du bruit. Avant de partir mon père est au téléphone avec ma soeur, je lui demande “Si je finis, tu me payes des Airpods ?” Ça fait des mois que je lance cette phrase dans plein de situations différentes. Elle répond “Allez ok “. WOW ! J’ai plus le choix perdu beaucoup de temps à Sans Souci à attendre les soigneurs mais au moins je suis plus ou moins neuf pour avaler les 40 derniers km. Rien que ça. En partant, Patrick me propose de m’accompagner sur les 15 prochains km, jusqu’à la Possession. Je sais qu’il adore ça et que ça lui fait plaisir. J’avale de nouveau un doliprane point prévention, ne jamais abuser du doliprane en course, très mauvais pour le foie. Pas plus de 4 toutes les 24h, et minimum 4 heures d’écart entre chaque. J’en aurai pris 5 en tout dans la 18h30, nous partons dans les rues de Sans Souci, je suis resté 1h45 au total. Je joue avec le feu en partant avec 1 heure sur les barrières, même si je sais que je vais regagner du temps sur la prochaine. Il fait très lourd, et le soleil se couche très rapidement. DÉBUT DE LA TROISIÈME ET DERNIÈRE NUIT ! Prochain ravitaillement à 10 km et 600 d+ de profitons d’un kilomètre sur les routes bétonnées, que c’est agréable de poser ses pieds à plat… ça faisait très longtemps. Puis nous attaquons un descente technique pour arriver au niveau de la rivière de galet où nous entendons de nouveau des crapauds. Ça fait un bruit sourd ! Nous la longeons sur 1 km, une portion plate et ultra roulante ! Rien ne m’arrêtera maintenant. J’ai vu sur les vidéos que nous devions traverser cette rivière qui est plutôt remplie cette de galets, extrait de cela, il y a une rangée de petites pierres glissantes qui s’étale sur une cinquantaine de mètres. Je veux à tout prix éviter de mettre le pieds dans l’eau pour ne pas infecter les plaies à vif et décoller le bandage que m’ont soigneusement posé les podologues. Il y a une sorte de passeur qui nous aide à traverser, je me tiens à lui car c’est hyper casse gueule. Puis nous nous engageons sur une montée dans la poussière et les herbes sèches. Nous marchons dans le sens opposé de l’autre côté de la rivière, nous avons un très bon rythme. Je suis frais comme un gardon. Sur notre chemin, nous croisons un homme complètement plié en 2, il vient de se faire un lumbago. Outch… Ça va être compliqué de terminer les 40 km restants. Nous lui donnons un doliprane et lui souhaitons bonne chance, il nous explique qu’il n’abandonnera pas tant qu’il ne sera pas au sol. Bon ne sais pas s’il est arrivé au bout, mais les portions suivantes n’ont dû lui laisser guerre de chance. Nous retrouvons une partie de route. Il y a beaucoup de gens dehors avec de la musique, des ravitos sauvages. C’est très populaire dans ce quartier. Les gens sont hyper gentils et encourageants. Nous nous engageons sur un chemin montant sur 3–4 km, mon terrain de prédilection. Je double une trentaine de personnes… Arrivé en haut, pointage manuel, et nous redescendons sur un chemin parallèle pendant 2 km pour arriver au ravitaillement. Je comprends que le pointage manuel permet de s’assurer que des petits malins qui connaissent le coin ne coupent pas la montée. Bon visiblement descendre un chemin un tout petit peu incliné sans aucune difficulté est toujours aussi douloureux, je me refais doubler successivement. Ça me rend d’arriver au ravitaillement, je me souviens de Nathalie Mauclair qui, quelques mois auparavant, me disait au téléphone “fais attention au chemin Ratinaud et chemin Kala, c’est un moment que je déteste”. Nous sommes dessus et je comprends très vite pourquoi. Le chemin Ratinaud, il faut l’imaginer comme une pente ultra raide dans la forêt avec des espèces de gros rochers posés dessus. Il n’y a rien pour se tenir si ce n’est des lianes et des arbres sur les côtés. C’est éprouvant. Heureusement ça ne dure qu’un kilomètre que je ferai en 25 minutes tout de même, juste avant de rejoindre une route bétonnée qui nous emmène au RATINAUD — 138,6 KM 8265 D+Depuis Sans Souci 10 km / 600 d+Temps de course 474544La ravito est en bord de route et l’ambiance est super ici. Musique à fond, barbecue. Je prends même une petite merguez sur la route, pensant en avoir fini avec le chemin Ratinaud / Kala. Petit sentiment de devoir accompli, loin de me douter de ce qui m’ vérité, le calvaire ne fait que commencer. Chemin Kala veut dire chemin de galets si mes souvenirs sont bons. En descente. Aïe. Ce que je croyais derrière est en fait devant moi. Et il fait une chaleur étouffante, je transpire en peine reparti du ravitaillement que l’on se mange une descente hyper technique verticale sur quelques dizaines de mètres, et une montée aussi raide dans la foulée. Il faut carrément escalader avec les mains pour grimper… Et nous enchaînerons cela pendant 2 kilomètres, du chemin “Koh Lanta” avec des lianes des rochers, des échelles en bambou à monter et descendre. C’est l’enfer. Je ne mettrai aucune photo de cette partie. Je vous laisse le soin de l’ semble se calmer au bout d’un chemin qui monte dans les galets pendant 3 kilomètres. Et qui dit chemin qui monte dit qu’il va falloir redescendre derrière. Et merde. Mettre mes pieds sur ces énormes galets me rappelle les pubs de rasoirs à la télé. Vous savez quand ils mettent des plans démonstration de leur flexibilité. La lame est testée sur des surface sphérique et cherche à se poser à plat. Là c’est pareil, la semelle cherche à se poser à plat coûte que coûte ce qui fait frotter le pied à l’intérieur de la chaussure et créer des ampoules de l’espace. Pendant des heures. arrive la descente tant redoutée dans laquelle je deviens fou une nouvelle fois. Je suis rejoint par une demoiselle un poil trop en forme pour moi qui n’arrête pas de parler pour “rester éveillée”. Mais quand je dis parler, c’est parler parler parler. Les questions + les réponses. D’habitude j’aurais trouvé ça marrant, mais là je suis à bout de nerf, je la laisse passer devant moi… C’est peut être une strat’ pour remonter des places. Diablement fais encore l’erreur de demander à ceux que je croise à combien de temps se trouve le ravitaillement et là j’ai de tout. 500 m, 3 km, 1 km. Ça rend complètement fou. On nous avait annoncé 7 km entre les 2 ravitaillements, je suis à plus de 10 à la montre. J’arrive très énervé et épuisé à l’école Possession. C’est un signe de fatigue. Je fais le point sur le kilométrage, il en reste une vingtaine parmi lesquels le chemin des anglais, une grosse ascension et une dernière descente technique… Ça fait plus de 51 heures d’effort que l’on est parti, 60 que je n’ai pas dormi. Je ne me sens pas particulièrement mal mais j’ai peur que mon corps s’arrête à tout instant où de me blesser dans les derniers kilomètres ce qui serait terrible. Je prends la décision de faire une vraie sieste à la POSSESSION— 146,7 KM 8265 D+Depuis Chemin Ratinaud 8,1 km franchement au moins 10 / 126 d+Temps de course 510505Il est 1h05 du matin, 147ème kilomètre et je suis hyper énervé par le chemin que l’on vient de parcourir et tous ces gens qui m’annoncent “15 minutes pour le ravito” depuis près d’une heure. Laura m’a fait la surprise de venir avec mon père ! Ils se sont inquiétés car nous avons mis plus de temps que prévu. Je file dans le ravito dès mon arrivée pour remplir mes gourdes et m’alimenter. Je n’ai qu’une hâte, en sortir pour allez faire une demande à Laura de me réveiller à 2h00, soit 45 minutes plus tard. J’en profite pour recharger une dernière fois ma montre pour être sûr de tenir jusqu’au bout. À peine endormi qu’elle me réveille. Je râle… Hein quoi ? DÉJÀ ? J’ai eu l’impression de fermer les yeux 3 secondes que les 45 minutes étaient écoulées. Une mi-temps sans déconner. Le réveil est compliqué… Patrick Papa et Laura me regardent inquiets, comme s’ils pensaient que je ne pouvais pas repartir. Je ne les remercierai jamais assez de m’avoir attendu 1h dehors sur le parking à 2h05. Plus les heures à patienter dehors le temps que j’ mal partout, j’ai froid, j’ai l’impression d’avoir de l’acide qui me ronge les pieds. En vérité je sais très bien que j’irai au bout même en rampant s’il le faut. Je remets mes chaussures, ma frontale, ma casquette par dessus. J’avale un doliprane, je branche mes écouteurs et je repars en boitant tel un blessé de Guerre. J’avance sur le bord d’une 4 voies pendant 300 mètres, je ne remarque même pas que nous longeons l’océan Indien. Nous sommes au niveau 0 ! C’est la 3ème nuit consécutive dehors et sans dormir vraiment, je suis déphasé. Je n’ai qu’une seule chose en tête qui va en boucle le chemin des anglais, le chemin des anglais, le chemin des chemin des anglais… ses pavés de roche volcanique qui s’étendent sur 7 km. Je l’appréhende un petit peu, surtout dans mon état, presque autant que le Maïdo et le Taïbit. J’ai passé les 2 sans grosse difficulté, à moi de me concentrer autant pour le passer sans encombre. J’aperçois la barrière qui marque le début du chemin à quelques dizaines de mètres, “rappelle-toi des conseils de Nathalie, pas à pas dans le chemin”.Il est 2h30. En entrant sur le chemin j’ai 3 personnes à ma hauteur. Je leur demande “combien de temps pour le chemin ?” Ils me répondent, “8h jusqu’à la redoute. 3–4h sur les pavés environ”… Outch le coup de nouveau le mode Blaise Matuidi et je pars à pleine balle dans le chemin. Regain d’énergie, je veux y passer le moins de temps possible. Ça monte très très sec dans un chemin de lacets, pendant 30 minutes. On avance exclusivement sur des pavés. Il n’y en a pas un comme l’autre mais je vole dessus ! J’avance avec la précision Martin Fourcade. Simplement éclairé par ma frontale je touche la cible à chaque pas. Le chemin est réputé très difficile est en effet on ne nous a pas menti. J’en vois beaucoup sur le bas côté enroulés dans la couverture de champs de vision pour les 2-3 prochaines heuresJe remonte de personne en personne, je double aisément et on ne me double pas. Y compris les réunionnais que je remonte un par un Nathalie si tu me lis un jour… ! Par endroit le chemin se montre clément. Il y a des passages où on peut facilement enchaîner les pavés. Mais à d’autres endroits… c’est ingérable. Arrivé très haut je devine une super vue sur l’océan mais la nuit me laissera simplement l’ moins mal au pied, le genou clac toujours mais ça fait tellement longtemps maintenant plus de 30 heures que je m’y suis presque habitué. Ici encore dans les pavés on nous fait traverser des ravines. Mode escargot en descente… Puis je repars en flèche dans la montée. Au bout d’1h30 dans le sentier, après une ultime ascension. Jen profite pour éteindre ma frontale une dernière fois en essayant de profiter au maximum du l’heure de la grande descente en lacet. Mode pente ne blague pas et les pavés sont passés au niveau supérieur. Ce sont presque des petits rochers maintenant. C’est le boss final de ce chemin des anglais… À tout moment la cheville part, sortie sur civière, coup de sifflet final. Je reste concentré et me fais habituellement doubler dans la pente. Je m’en fous, allez-y passez. La route que nous voyons en contrebas est celle que nous devons rejoindre. C’est bas en effet… J’avance, pas à pas, je souffre terriblement dans cette descente, mais j’avance. Jusqu’à cette fameuse barrière qui viendra clôturer ce maudit chemin des me semble avoir levé les bras juste après l’avoir passé, comme si la course était finie. Je me souviens d’un sentiment du devoir accompli à ce moment-là. Je suis sur le bord de la route éclairé par des lampadaires. C’en est fini de l’ascension interminable du début de course dans le noir, terminé Mafate, ses sentiers accidentés, ses pentes abruptes et ses pièges. Place à la civilisation, les voitures qui annoncent que ce n’est plus si loin. Les bénévoles nous félicitent chaleureusement et nous indiquent le chemin pour rejoindre le pointage et le ravitaillement. Nous marchons maintenant sur un vieux chemin de fer abandonné et arrivons au ravitaillement de la Grande CHALOUPE — 154,2 KM 8701 D+Depuis La Possession 7,5 km / 310 d+Temps de course 544514“Il reste combien de km Madame ?”- Là vous avez encore 9 kilomètres d’ascension jusqu’au Colorado, les 3 premiers étant sur les pavés volcaniques et merde. Ensuite environ 4 km de descente technique et c’est terminé. Moi qui croyait que c’en était fini de ces pavés… D’où je suis on voit les frontales qui passent le col. Ça grimpe sec km et 1000 d+. 13 km qui viendront s’ajouter aux 154,2 déjà parcourus et ce sera la ligne d’ est 4h45 du matin, je m’assois pour profiter de cet avant dernier ravitaillement. Le jour commence à se lever, on aperçoit les premières lueurs au loin. J’ai un petit coup de barre, mais la fatigue ne prendra plus le pas sur ma volonté d’aller passer la ligne d’arrivée. En parlant de ligne d’arrivée, il est obligatoire de porter le t-shirt officiel dans le stade de la Redoute. C’est généralement ici que les coureurs se changent. Je l’attrape dans mon sac, retire mon t-shirt technique et enfile ce magnifique t-shirt jaune et blanc. Il est tout propre et sec. Ça sent bon la lessive et la fin du Grand Raid. Mais avant ça Thibault tu dois rester concentré, il y a encore 4 heures pour y arriver. J’ai encore moyen d’aller chercher les moins de 60 me relance dans les pavés, avec mon t-shirt tout propre et frontale allumée. C’est parti pour 9 km de montée avec 800 d+,Ici, de nuit encore. Extrait de double tous les coureurs de la montée car j’ai retrouvé mes jambes du départ. Comme quoi envoyer un message à son cerveau que la fin de la course approche et la douleur disparaît presque. Puis au terme des 3 km qui viennent clôturer 10 km de pavés volcanique, le sol s’adoucie. Nous marchons sur ce qui semble être de l’herbe sèche, de la terre. Quel bonheur. Il fait complètement jour c’est la FIN DE LA TROISIÈME ET DERNIÈRE NUIT. Mon genou est à la limite de la rupture mais je m’en fiche, j’avance très bien et je le sais maintenant je serai Finisher de la Diagonale des y a une sorte de relâchement général des coureurs dans cette montée, beaucoup de gens se parlent, sourient, s’encouragent pour les derniers kilomètres. Ça monte mais sur un large chemin sans aucune difficulté. Nous passons même sur une route qui monte puis descend pendant 1 ou 2 km. Pour l’anecdote, mon sac s’est complètement ouvert sur cette route, je l’avais mal fermé en rangeant ma batterie montons un dernier gros morceau assez raide de 3 km dans de la terre rouge boueuse en direction du Colorado. J’avale un dernier doliprane car la douleur de mon genou devient presque insupportable. J’ai le droit ça fait 4h que je suis parti de la Possession ! J’ai un peu peur pour la dernière grande descente qui mène à Saint-Denis, mais j’irai en rampant s’il le faut. Après cette dernière montée du Grand Raid, nous arrivons au ravitaillement du Colorado. Le — 164 KM 9862 D+Depuis La Possession 9,7 km / 831 d+Temps de course 574119Il est 7h41 du matin. Je n’ai pas envie de rester longtemps ici. Je n’ai qu’une hâte arriver au plus vite pour aller chercher la médaille. Il y a des pains au chocolat au ravito, petit déjeuner de de ils ne sortent pas du four ce sont des sachets mais ça change de la soupe aux vermicelles que l’on s’est mangé pendant 3 jours. J’attrape un verre de Thé que je bois presque cul sec et je file dans la descente qui s’annonce cauchemardesque dès le départ. Mon genou me hurle d’arrêter les frais et je lui impose une descente de l’extrême de 600 est au rendez-vous dans cette descente de la boue, des racines bien glissantes, des cailloux, des rochers. 4 km et c’est la fin. C’est le bouquet long 4 km de descente dans des conditions pareilles avec plus de 9000 d- dans les de la dernière fois j’active le mode Blaise Matuidi, cette fois pas pour le côté guerrier mais pour les grands gestes des bras que je me vois effectuer à chaque passage délicat. Aucune élégance ! Ça n’en finit pas. Je m’aide de mes mains pour passer les virages compliqués, et je revois tous les copains que j’ai doublés 8 km plus tôt dans la montée du Colorado qui me passent devant sans aucune difficulté. J’ai pris l’habitude je suis j’aperçois Saint-Denis, et j’entends même la musique qui émane du Stade de la Redoute. Ça sent bon. Mais le ciel en décide autrement et dans ce qui semble être une ultime tentative de déstabilisation, lâche des trombes d’eau rendant ainsi la descente boueuse et la roche glissante… “Non je ne sortirai pas la veste si c’est ce que tu veux”. Au bout de quelques minutes le ciel capitule; rien n’y fera je serai finisher, tu ne peux plus rien pour d’en haut j’aperçois enfin le stade de la redoute. Le soleil re-pointe le bout de son pointage dans la descente et j’accélère le pas dans les virages, je me remets à courir et à sauter pour passer les roches. J’entends “ALLEZ MON TITI !” Mon père est à quelques mètres plus terminons tous les 2 les quelques mètres qui nous permettent de sortir une bonne fois pour toute de la montagne au bout d’environ 1h30 de descente.“La redoute c’est à 500 mètres”, m’annonce-t-on sur le bord du chemin. Du plat ! Terminé la montée, terminé la descente. Il reste 500 mètres et c’est la fin. Je n’ai plus AUCUNE douleur. Je cours, pas très vite mais un petit 9 km/h sans problème. Plutôt pas mal après 59h d’effort. Un petit chemin tracé nous emmène tout droit au stade de la redoute, il y a beaucoup de monde en bas. “BRAVO THIBAULT” ! “ALLEZ THIBAULT TU L’AS FAIT”. Nombreuses sont ces petites phrases qui viennent d’inconnus et qui font et ont fait un bien fou pendant toute la course. J’accélère tant bien que mon mal, mon père me suit derrière en caméra embarquée…Ça va trop vite. Tout défile dans ma tête La volonté de faire quelque chose de cette année 2018, la première sortie de la préparation par -6°C avec le nez en sang à cause du froid, l’inscription à l’Écotrail sur un coup de tête un soir de décembre, puis celle à la Diagonale un soir de Février, la première rando-course de 42 km à Meudon, la deuxième vendredi soir dans le Bois de Boulogne à faire des rencontres nébuleuses pendant que les copains sont au bar, les sorties dans les rues de Paris gelées par la neige, les escaliers de Montmartre de 37 m d+/d- que je montais 12 à 25 fois de suite pour faire entre 500 et 1000 de dénivelé, la cuve sur le bas côté de l’avenue de Gravelle à Vincennes, les Buttes Chaumont, le parcours de 12 km des Alpes Mancelles qui ressemble à un petit dinosaure sur Strava, les 150 fois où j’ai refusé une bière avec les copains, les 80 km de boue de l’Écotrail, le tendon qui se déchire au 40ème, la hargne de finir sur les 40 autres, la convalescence pendant 5 semaines, les 81 km de Saint-Malô-du-Bois la semaine qui suit, l’arrivée sans médaille, les nombreuses sorties sous les trombes d’eau, la grosse blessure en Mai qui remet tout en cause, les examens médicaux à n’en plus finir, IRM, radio, écho, les séance de kiné, d’ultrason, d’osthéo, de cryo. Les autres blessures qui s’enchaînent. Les séances avec la genouillère, puis les essais sans. La viande des grisons, le blanc de boulet, le riz et le blé le midi, les pâtes, les pomme de terre le soir, les flocons d’avoine le matin. Les sorties vélo dans les routes de campagnes Sarthoises, et toutes celles chez “Keep Cool” après le boulot. Tous les soirs entre 30 et 50 km. L’excercice “abdos difficile” de 14 minutes 3–4 fois par semaine, les heures de gainage, de proprioception sur la planche en bois ou sur la demi sphère. Le week-end choc à Préfailles, la déchirure du mollet dans la foulée. Ne plus pouvoir courir, ne plus vouloir courir. Se remettre, et voir le deuxième genou lâcher à 6 moins de semaines de la course. Compter les jours, se rassurer. Les 25 bosses de Fontainebleau, ça tient. Toutes ces sorties, toutes celles auxquelles je ne pense plus. Je repense à tout ça, en quelques secondes. J’ai un sourire jusqu’aux oreilles en repensant à tout ça. Tu vas le faire mon pote. Sur ma montre ça vibre, mes amis se demandent quand je vais arriver. J’arrive les amis ! J’ 21 Octobre, 9h24 J’entre dans le petit couloir qui mène à la redoute. C’est mon moment. Cette terre battue rouge, ce dernier virage à droite et cette arche à 100 mètres je les ai vues et revues 100 fois sur les vidéos. Je me suis vu dessus des milliers de fois. J’y suis. Ça va trop vite, tout est flou, il faut regarder partout. Les supporters applaudissent, le micro du speaker annonce mon arrivée. Dans le dernier virage je pousse un hurlement de rage comme pour dire “tu l’as fait bonhomme, tu es immense”. Allez profite putain !Je suis sur la dernière ligne droite, les larmes me viennent. Je les ai retenues depuis plusieurs kilomètres mais là je n’ai plus aucune raison de les retenir. Les 2 photographes sont à 50 mètres sous leur parasol. Je lève les bras à la façon de Zidane après son penalty contre l’Italie en quart de finale de la coupe du monde père est derrière et semble immortaliser ce moment de dos. Et je montre ma tête avec mes 2 doigts pour montrer que je suis allé le chercher loin là haut. Loin de me douter que la célébration ressemble fortement à celle de Memphis Depay… Et merde. Faire 168 bornes pour célébrer comme un Lyonnais il fallait le faire ! Non, cette célébration c’est la mienne, il n’a rien fait franchis la ligne d’arrivée au bout de 59 heures, 24 minutes et 28 secondes. Échec et mat. Le fou a traversé sa diagonale et ne lui a laissé aucune chance. Putain, c’est REDOUTE — 168,6 KM 9862 D+ → Bon j’ai 175 à la montre mais c’est pas 1701ème 539ème sénior hommeLien strava la ligne d’arrivée, je m’écroule sur les genoux. Laura et Maman me sautant dans les bras et mon père nous rejoint dans la foulée. C’est un moment dont je me souviendrai toute ma me remet la belle médaille et le célèbre t-shirt “J’AI SURVÉCU”.Je m’empresse de me libérer mon sac, ça fait 60 heures que je traine 4 kg sur les épaules. J’enlève mon dossard, mes chaussures, mes chaussettes, mon t-shirt… Le soulagement extrême. J’ai un sentiment de libération absolu. Les vêtements secs que j’enfile sont sidoux et confortables. Je suis un peu décalqué mais je file manger mon repas chaud offert par l’organisation. Pas de surprise, du riz, du rougail saucisse, des pâtes et du poulet ! Un dernier ravito en soi…En me servant à manger je fais une rencontre extraordinaire, celle d’Alix K/Bidi. C’est un local, il doit avoir plus de 65 ans et est d’une gentillesse le reconnais car je l’ai vu sur une vidéo de Réunion la 1ère le TF1 Français 2 semaines avant la course en train de présenter une partie de la course reportage ici K/Bidi reportage de Réunion la 1èreC’est un personnage Alix. Il en est à sa 12ème participation consécutive... Quel courage. Il me félicite chaleureusement pour mon exploit. Avant de partir je lui demande “Comment tu fais pour revenir tous les ans en sachant ce qui nous attend ? - C’est la passion d’être en montagne. Le Grand Raid nous offre des paysages que tu ne verras nul part ailleurs, c’est ici que j’ai envie d’ se regarde longuement, on se serre chaleureusement la main et je m’en vais prendre mon repas. Mon père m’apporte une bière… Après 3 nuits blanches, tant d’effort et des semaines sans alcool je me demande bien si c’est une bonne idée. Mais merde, profite. Il est peut être 9h30, il doit faire 30 degrés déjà. Tu l’as méritée. Je pense que c’était la meilleure bière de ma table je suis à côté d’un homme d’environ 35 ans. Je n’ai malheureusement ni son nom ni son dossard, mais j’ai passé un super moment avec lui. Il est arrivé la veille en 44h il me semble costaud, et on a passé une trentaine de minute à se chambrer et à rire. Il vient de Grenoble et a déjà fait 4 fois l’UT4M. C’est un bon le me prévient aussi de ne pas m’inquiéter, que mes pieds vont gonfler dans les prochains jours et que c’est parfaitement normal. Et il ne s’est pas trompé… Merci de m’avoir prévenu car c’est assez flippant. Si tu te reconnais, n’hésite pas à te manifester ! Je serais ravi de refaire une course avec toi un de ces 4. Avant de quitter le stade de la redoute, je suis obligé de faire un passage par les kinés et les podologues. Je dois absolument soigner les ampoules que j’ai aux à Sans Souci, il n’y a pas d’attente. Mais je retrouve 1 des 2 podologues qui m’avait soigné la veille. Elle se souvient bien de moi on avait beaucoup ri. Je lui fais un clin d’oeil en disant “Tu m’as pourri les pieds, j’ai souffert sur les 50 km”- Oui mais tu es arrivé hein !La podologue qui s’occupe de moi semble avoir de la bouteille et n’a peur de rien. Elle retire mes chaussures. Je m’excuse par avance pour l’image qui va suivre mais je me dois de montrer à quoi ressemblent des jambes et des pieds après 168 km, 10 000 m de dénivelé et 59h24 pour les parcourir. Ça fait partie du vous rassure, à l’heure où j’écris 10 jours après l’arrivée mes pieds sont au max, même si je n’ai pas encore retrouvé toute la sensibilité de mes 2 gros orteils. C’est en bonne voie !Pour soigner les ampoules il n’y a pas 12 façons de faire. Scalpel, seringue, désinfectant et on fait sécher à l’air libre. Et faire des bassines de désinfectant 2 fois par jour à ce stade !Je la remercie chaudement pour son aide et enchaîne avec les kinés. 3 jeunes filles pour moi tout seul ! Elles sont souriantes et efficaces, mais sans le savoir, elles m’ont donné une leçon de trail. J’ai compris pourquoi les traileurs se rasaient les jambes…Vous voyez ces 2 gros strapping sur la photo ci-dessous, imaginez ce que je peux ressentir quand elles essaient de les arracher sachant qu’ils font 15 fois le tour de la jambe ? Je littéralement hurlé sous la tente des kinés. Ça les fait beaucoup rire. “Ah bah tu vois ce qu’on ressent tous les mois quand on s’épile nous ?”. - Non là c’est la peau que vous arrachez ! La podologue qui m’a soigné arrive tout doucement avec son petit tube d’éther et dit “Vous voulez pas décoller avec ça ?” - SI SI SI SI MOI JE VEUX !Oui l’éther permet de retirer un pansement ou un bandage sans douleur. Elle l’a fait pour retirer le bandage de mes pieds. Elle arrive un peu tard mais ça m’épargnera quelques poils restants sur ma cuisse. Heureusement j’ai le luxe de me faire masser les 2 jambes qui sont plutôt en bon état à part les bandelettes sur le côté des cuisses qui sifflent. Je suis d’ailleurs étonné de mon état musculaire qui est excellent. Surtout après les problèmes rencontrés pendant la préparation notamment aux mollets. Les heures de renforcement et de vélo n’ont pas été faites en comptais refaire un strapping pour la tendinite mais l’épisode dépilatoire m’en a dissuadé. Nous repartons du stade, je le regarde comme si c’était la dernière Grand Raid touche à sa fin, il est l’heure d’aller jours plus tard…Si je devais résumer la course, TOUT est compliqué, à chaque seconde. C’est un enchainement de pièges, une course sur mesure conçue pour briser les égos et les corps. Champion du monde ou pas, quiconque se présente sur la ligne de départ n’a aucune garantie de la finir. Comme le dit si bien François D’Haène 4 victoires au GR à chaque participation “chaque année, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé ”, ce qui reflète bien l’humilité qu’il faut dans ce Guillon et Nathalie Mauclair, les 2 champions qui m’avaient donné des conseils avant la course ont tous les 2 vécu une course difficile. Antoine a chuté à Marla ce qui l’a handicapé pour tout le reste de la course mais termine tout de même à une très belle 4ème place ! Bravo à lui. Nathalie qui a remporté l’épreuve à 2 reprises a été contrainte d’abandonner au début du Sentir du Taïbit à cause de douleurs 2 m’ont envoyé un message pour me féliciter. Ça fait chaud au n’y a que dans ce sport que les champions du monde gardent les pieds sur terre et sont aussi accessibles.—Cela fait presque 2 semaines que l’aventure s’est achevée et j’ai beaucoup de mal à redescendre sur terre. Je n’arrive pas encore à réaliser. Il y a trop d’informations, trop de difficultés, trop de pensées, trop d’images, de moments forts, de kilomètres, pour que le cerveau puisse digérer tout cela et en faire un film digeste. Le disque dur sature naturellement. Beaucoup attendaient mon retour pour que je leur raconte ce que j’avais traversé, mais force est de constater que c’est impossible. Il est impossible de résumer autant de temps en quelques minutes. Donc j’ai essayé de l’écrire, pour moi, et pour ceux qui m’ont suivi avec intérêt. Même si le seul et unique moyen pour comprendre ce que j’ai traversé, c’est de le vivre et un réflexe que beaucoup ont, c’est d’avoir tendance à s’arrêter sur la course en elle-même. “Tu as couru 59h ! C’est ouf”. Oui, 59h et 3 nuits, c’est le temps qui passe entre le moment où vous partez du bureau le vendredi soir, et le moment où vous vous réveillez le lundi matin. Mais en réalité il faut remonter bien plus loin. Les 59 heures sont l’aboutissement de jours, de semaines et de mois d’entraînements intensifs avec tous les états psychologiques qui vont avec. Je ne sais pas quel est le seuil de préparation et de sacrifices nécessaire pouvoir prétendre à finir cette épreuve, ni jusqu’où les heures passées à courir dehors, à faire du vélo, du renforcement musculaire, à manger sainement, à ne pas boire, sont payantes. Ce n’est malheureusement pas quantifiable, mais il faut le faire pour mettre toutes les chances de son côté puisque même être prêt à 1000% n’est pas une garantie pour terminer. Il faut en plus faire la course parfaite. Je me souviens avoir chuté une fois, je ne sais plus où ni comment, juste m’être rattrapé de justesse. Mes chevilles sont parties en vrille au moins une centaine de fois, peut-être 200 ou 300 même. Bref, tout ça pour dire que j’aurais pu être arrêté n’importe qu’on se dise les choses comme elles le sont, j’ai été un kamikaze de m’inscrire à cette épreuve en n’ayant ni les points pour la faire, ni même la connaissance de ce qu’était un trail. Juste avec un simple petit marathon dans les jambes 1 an et demi auparavant… J’en suis pleinement conscient. Je ne recommande cela à personne car quelque part, on force le cours des choses et on brusque son corps et sa tête. On se met un peu en danger aussi. Moi je l’ai fait car je ne doutais pas de moi. J’avais conscience de mes aptitudes physiques et mentales, à entreprendre quelque chose et l’amener au maximum. Heureusement que les 2 courses de 80 km qualificatives que j’ai faites en 6 semaines se sont bien passées car je me serais retrouvé avec un billet pour la Réunion et un dossard que je n’aurais pas pu porter. J’aurais eu l’air vrai piège à éviter est de banaliser cette épreuve. Elle est loin d’être accessible par tout le monde et je le dis en toute humilité et surtout en connaissance de cause maintenant. Elle n’est pas la plus dure du monde par hasard sur ce format. Mais si toutefois vous vous sentez d’y aller, que vous avez les ressources physiques, mentales, et la dose d’inconscience qu’il faut, allez-y les yeux fermés car c’est la plus belle chose que vous vous raconterez maintenant ?Pendant tout la préparation, je voyais cette épreuve une fin en soi; comme ma retraite d’une carrière aussi courte qu’intense dans ce sport. Partir tout en haut, comme Deschamps. Juste avant la course, j’aurais presque juré de m’arrêter après. Je pensais que je serai dégoûté après l’épreuve, mais étrangement je ne le suis pas du tout. Comme me l’a si bien dit Alexandre Boucheix Casquette verte c’est sûrement que j’ai réussi ma course et mon après course. Lui aussi aura été précieux dans les conseils de une des choses que je me suis répétée de nombreuses fois pendant la course c’est “va au bout car vu le massacre, c’est hors de question que tu remettes les pieds ici”. Et finalement, je pense que j’y reviendrai un jour. Pas l’année prochaine, peut-être pas celle d’après, mais plus tard. Plus vieux peut-être. C’est encourageant de constater que l’on a encore des ressources malgré une telle épreuve. On se sent vivant, en forme, bien dans sa tête et son aussi envie d’en faire d’autres, des différentes et j’en ai quelques unes en tête que je garde pour moi pour le moment. Pas forcément aussi dure il n’y en a plus beaucoup de toute façon, mais d’autres formats, d’autres terrains. Je sais que j’ai une belle marge de progression. J’ai pris une grosse leçon en descente. On parle toujours de la difficulté de la montée mais la descente est bien pire. Prendre 10 000 mètres de dénivelé négatif en si peu de temps… c’est si ça se trouve je vais ranger les chaussures et me mettre au golf. Ça plairait bien à ma mère ça… Ou peut-être continuer ET jouer au golf. Je vais reposer ma tête et mes jambes, et me laisser le temps pour bientôt pour de nouvelles à mes parents, à Laura, à Patrick pour leur patience, leur assistance en or, les km parcourus pour rejoindre certains points de passage et leur soutien. Merci à tous ceux qui me suivent depuis le premier jour, mes amis. Merci à ceux qui m’ont écrit avant, pendant et après la vous avez aimé cette histoire n’hésitez pas à découvrir ma dernière course en Arabie Saoudite, en vidéo ici et à vous abonner à la chaîne.
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La trottinette électrique, un nouveau moyen de se déplacer Vous avez tous déjà utilisé une trottinette dans votre vie, mais depuis quelques années, c’est devenu le moyen de déplacement tendance et pratique que tout le monde utilise. On retrouve de plus en de nouveaux modèles de trottinettes électrique pour convenir à tout le monde Des trottinettes électriques pour vos déplacements réguliers Des trottinettes pliable pour les transporter facilement Des trottinettes tout terrain que l’on peut utiliser sur n’importe quelle type de terrain Plus physique que ça en a l’air Patiner est un excellent exercice et beaucoup plus physique que ce que l’on pense, ce mouvement sollicite les jambes, les bras ainsi que le bas du dos. La trottinette en plus d’être pratique pour faciliter vos trajets vous permet de travailler votre endurance, un excellent moyen d’allier l’utile à l’agréable n’est-ce pas ? Mais pour les longs trajets il faut mieux opter pour la trottinette électrique pour ne pas se fatiguer, elle permet de se déplacer à 25 Km/H sur de grande distance tout dépend de l’autonomie du modèle. Pourquoi choisir une trottinette électrique ? La trottinette électrique peut vous convenir peu importe son utilisation, vous trouverez une multitude de modèles selon vos besoins des trottinettes tout terrain, des trottinettes électriques, des trottinettes pour adultes et des trottinettes pour enfant. Elle ne prend pas beaucoup de place, très pratique pour les trajets réguliers avec plusieurs gammes différentes pour s’adapter à tout type de budget.
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RenzoPiano, Peter Lindbergh, Shaka Ponk, Blaise Matuidi Yann Arthus-Bertrand met aux enchères dimanche 14 octobre des moments privilégiés avec quelques-uns de ses célèbres amis, au profit Clémentavait beau enchaîner les prestations étincelantes sous les couleurs de l'OL, ponctuant même le sprint final de la saison 2012-2013 de deux coups francs Juninhesques, Didier la Desch ne pas incluait pas dans sa liste de 23 joueurs en vue de la tournée sud-américaine des Bleus à l'été dernier.Finalement retenu grâce au mauvais état de Samir Nasri, Grenier est cet
mer 26/02/2014 à 14:31; Officiel : Blaise Matuidi prolonge au PSG jusqu'en 2018 ! Le Paris Saint-Germain a annoncé ce mercredi après-midi la prolongation de contrat de Blaise Matuidi jusqu
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